Le Métropolitain

Perrine Leblanc dévoile L’homme blanc lors de son récent passage à Toronto

C’est en observant un prestidigitateur qui détroussait les touristes à Bucarest que l’auteure québécoise Perrine Leblanc conçut Kolia, le personnage principal de son premier roman. Né et élevé dans l’environnement carcéral d’un goulag sous le régime de Staline, il fera la rencontre d’un autre prisonnier qui lui donnera le goût des autres choses, du français entre autres. Muré dans son silence, il traversera les années soviétiques dans un cirque moscovite comme clown blanc, celui qui justement ne parle pas. 

« Je voulais donner une voix à ceux qui n’en ont pas, à ceux qui en ont été privés », expliquait Perrine Leblanc lors de son récent passage dans la Ville reine le mardi 22 avril. 

Les lecteurs torontois eurent l’occasion de rencontrer Perrine Leblanc à la succursale Northern District de la Toronto Public Library lors d’une soirée organisée dans le cadre des visites d’auteurs francophones. Ces présentations ont lieu chaque année grâce à un financement du Conseil des arts du Canada. 

Devrait-on dire L’homme blanc ou bien Kolia? Paru tout d’abord sous le titre L’homme blanc (Le Quartanier 2010), le roman prendra ensuite le titre de Kolia (Gallimard 2011). Les éditions du Boréal viennent de publier à nouveau L’homme blanc en mars dernier. Une version anglaise de Kolia est également disponible chez Arachnide Éditions 2013. Pour cette première œuvre, Perrine Leblanc s’est vu décerner le Grand prix du livre de Montréal (2010), le premier prix lors du Combat des livres de Radio-Canada (2011) et le Prix littéraire du Gouverneur général du Canada (2011). 

L’auteure souhaita faire de cette rencontre une conversation intime plus qu’une présentation formelle. Elle préféra donc s’assoir sur une table et s’approcher tout près de son public. Après une courte explication du roman et une brève rétrospective de son parcours littéraire, elle lança rapidement la balle dans le camp des lecteurs et les invita à poser des questions. Un bon nombre de sujets furent passés en revue tels que les sources de son inspiration, ses modèles littéraires et les courants actuels au sein de la littérature québécoise.

« Je ne suis jamais allée en Russie, mais j’ai quand même fait le voyage dans ma tête », explique-t-elle. Soucieuse de ne pas tomber dans le piège de vouloir imiter les géants de la littérature goulag tel qu’Alexandre Soljénitsyne, Perrine Leblanc est plutôt allée chercher son inspiration dans les témoignages contenus dans les essais, les revues et les photographies qui nous sont parvenus de l’ère communiste. De ses recherches sont ressortis des détails de la vie dans les camps d’internement tels que le nom qu’on donnait aux grands-mères ou bien un modèle de réfrigérateur de l’époque. Des événements d’actualité comme la chute de l’Union soviétique surgissent de temps à autre, mais ils demeurent une toile de fond. « Ce sont justement les détails qui sont romanesques », affirme-t-elle. 

Perrine Leblanc cite la romancière bilingue Nancy Huston ou les écrivains français Jean Echenoz et Pierre Michon comme étant ses modèles littéraires. Ayant étudié les grandes œuvres québécoises tout au long de son baccalauréat et de sa maîtrise en littérature, Mme Leblanc souhaitait écrire autre chose. Comme beaucoup d’auteurs québécois de la jeune génération, elle est sortie du Québec pour raconter des histoires d’ailleurs. Passionnée de séries de télévision, elle avoue s’inspirer des scénaristes pour développer ses histoires et ses personnages. 

Perrine Leblanc participe justement à l’écriture d’un scénario pour une adaptation à l’écran de L’homme blanc. Elle vient également de publier chez Gallimard son deuxième roman Malabourg, un petit village imaginaire de Gaspésie où disparaissent trois jeunes femmes. Un troisième roman est aussi en projet, une histoire d’amour qui s’étale entre deux pays cette fois.

Pour plus de renseignements au sujet des programmes en français à la Toronto Public Library : http://www.torontopubliclibrary.ca/french.

Photo : Perrine Leblanc

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