Le Métropolitain

Partir en camping au parc Algonquin

Les citadins connaissent le sentiment d’une « crise de verdure » où, après un certain temps, la nécessité de se retrouver dans un coin de nature devient criante et l’idée d’échapper à la ville à tout prix semble être le seul type de vacances alléchantes.

Parfois, une randonnée en forêt d’une journée ou faire du glamping (contractionde glamour camping ou camping confortable) en RV avec une communauté de campeurs au bord d’un lac. Mais il y a aussi ceux qui décident de foncer et de faire une randonnée de plusieurs jours dans les racoins des parcs provinciaux, dont le parc Algonquin!

Le mois de juin semblait le temps idéal pour s’aventurer dans la forêt dense. Le printemps mouillé et boueux fait place à l’été. Un début d’été, ni trop chaud, ni trop froid, et surtout avec moins de moustiques et de mouches noires. Erreur!

Le parc Algonquin se compose de 90 % de forêt épaisse. Le paysage ne change pas tant au fil des heures de marche, le soleil ne perce pas et une humidité persiste constamment. Les moustiques y sont donc sans arrêt. Ils bourdonnent sans fin autour des campeurs. Le seul refuge? La tente, le soir.

Ils sont si voraces que le chasse-moustiques ne semble pas les affecter. Facile de comprendre maintenant pourquoi MEC a un mur complet dédié aux moustiquaires corporelles dans sa boutique. Même les gens qui ressortent de la forêt avertissent ceux qui y entrent. Ils ont le visage boursouflé de piqûres, et leurs mains s’agitent sans cesse comme une danse fatidique autour du corps.

Puis, il y a la planification des kilomètres de marche par jour. Au parc Algonquin, un des premiers arrêts populaires se nomme Maggie Lake. Il est à environ 12 km de marche de l’entrée West Gate et il faut de trois à quatre heures pour s’y rendre, car le terrain est de difficulté faible à modérée.

En juin, les journées sont longues, et avec seulement trois heures de marche, il reste beaucoup de temps à ne rien faire. En fait, il y a assez de temps pour se rendre au site de camping suivant sans problème avec encore quelques heures de clarté en soirée.

Le temps requis pour parvenir au site suivant n’est pas le problème, mais bien le fait que marcher 23 kilomètres dans une journée avec de l’équipement est absolument trop pour un débutant. La dernière heure de marche est particulièrement brûlante. Le corps entier crie pour un arrêt et l’acte de continuer à avancer devient entièrement une joute de force mentale. La douleur des jambes n’est plus simplement musculaire, mais nerveuse, puissante et constante. Chaque pas résonne de la plante du pied jusqu’au cou et fait grimacer. Le terrain se complique aussi avec plus de chemins à pic et de descentes.

Après une journée qui a poussé les limites physiques et psychologiques du marcheur, il faut se préparer à une nuit tourmentée d’images d’ours, de bruits à proximité de la tente et de froid.

Impossible de se calmer et de s’endormir dans l’obscurité totale alors que les animaux s’approchent de la tente pour en inspecter les intrus. Et puis les jambes et les pieds tardent à se remettre de leur journée et souffrent toujours d’une douleur lancinante.

Le lendemain se pointe avec un peu moins d’entrain et, dès la sortie de la tente, les moustiques sont inlassables. Tout à coup, la « crise de verdure » est bien saturée et le retour à la civilisation est maintenant la seule motivation qui convainc le corps de mettre un pied devant l’autre à travers toutes ses courbatures.

Si l’appel à la verdure sauvage se fait trop pressant, voici quelques essentiels à ne pas oublier, en plus du reste de l’équipement. Des tablettes de purification d’eau, une moustiquaire faciale, du chasse-moustiques, des bandages à ampoules, un semblant d’oreiller, deux paires de chaussettes de randonnées et un sac qui se ferme hermétiquement pour la poubelle. Bonne survie!

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