Le Métropolitain

Modiano et la quête d’identité

Le mercredi 13 mars a eu lieu à l’Alliance française de Toronto le premier club de lecture de l’année. Ce club de lecture, organisé en partenariat avec le Goethe Institute, l’Institut italien de la culture et l’institut portugais Camoes, a pour principe de proposer, en anglais, une séance sur un livre du pays de chaque institut. Pour cette première de l’année à l’Alliance, Martha Baillie, romancière torontoise, est venue discuter du roman de Patrick Modiano, Rue des boutiques obscures, prix Goncourt 1978.

Autour d’un verre de vin, la vingtaine de participants ont pu échanger leurs points de vue sur le roman de Modiano, à la lumière des explications de Martha Baillie. Comme dans pratiquement toute l’oeuvre du romancier français, la quête d’identité se retrouve au centre du roman.

Le personnage principal est Guy Roland : amnésique, Guy est pris sous l’aile du baron Hutte, qui l’engage comme détective privé et lui donne sa nouvelle identité. Mais dix ans plus tard, Guy Roland va commencer une recherche pour savoir qui il est réellement. Cette quête d’identité va le pousser dans un périple intense et des questions centrales se posent alors : l’histoire est-elle plus importante que l’identité? Sommes-nous juste ce que les autres nous disent être? Altérons-nous volontairement nos souvenirs pour se forger une identité? Toutes ces interrogations sont débattues entre les différents participants.

Pour certains, le manque de réaction émotionnelle à chaque fois que Guy Roland apprend un détail de son « passé » montre qu’il est simplement content d’avoir trouvé une identité, même si ce n’est pas son identité. D’autres imputent l’amnésie du personnage à un choc émotionnel fort, à mettre en relation avec celui que Modiano a toujours cultivé par rapport à la Deuxième Guerre mondiale (il est né en 1945 d’une mère belge et d’un père italien juif), qui ferait qu’on oublie les choses durant des temps troubles, comme une manière de se sauver.

La discussion est animée et ce club de lecture donne lieu à un vrai échange d’idées. Au final, on n’est pas plus avancé sur la véritable identité de Guy Roland : peut-être n’est-il rien d’autre « qu’une silhouette claire, à la terrasse d’un café », comme l’écrit Modiano dans les premières pages du livre. Mais l’essentiel n’est pas là : la qualité première de ce club de lecture, habilement orchestré par Martha Baillie, est qu’il donne envie de (re)lire le livre.

Le prochain club de lecture de l’Alliance française aura lieu le 8 mai prochain et se penchera sur La moustache d’Emmanuel Carrère, roman dont le thème principal est à nouveau le questionnement autour de l’identité.

Photo : Une vingtaine de participants ont échangé leurs points de vue.

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