Le Métropolitain

Mathieu Chantelois, militant et influent

Cette semaine, nous partons à la rencontre de Mathieu Chantelois. Le directeur de Pride Toronto a pris ses fonctions depuis maintenant un an et son action n’est pas passée inaperçue. Élu parmi les 50 personnes les plus influentes de Toronto par le magazine Toronto Life, l’homme trace son bout de chemin. 

Né dans une banlieue nord de Montréal, il a toujours porté en lui un côté militant. Enfant, il se balade avec une boîte de l’UNICEF expliquant aux adultes où est l’Éthiopie. Adolescent, il défend le français dans un environnement scolaire anglophone. 

« J’étais victime d’inti-midation, dit-il. J’avais peur, mais j’avais envie de m’exprimer. » Diplômé en journalisme, il est envoyé, à 25 ans, couvrir les auditions de la première émission de télé-réalité « U8TV: The Lofters» (Les Lofteurs). Les producteurs n’ont pas le temps pour des interviews, il fait donc semblant d’auditionner. « Je me suis mis à leur parler le plus possible. À la fin, j’avais enlevé une chaussette qui était devenue une marionnette. »

Un mois plus tard, le téléphone sonne. Il fait partie des finalistes et se retrouve lancé dans l’aventure. Onze mois avec une caméra qui le suit partout : « La première nuit, je me suis couché avec le micro et la caméra et je me suis dit : Oh non ». 

Au cours de l’aventure, il comprend vite que pour certains jeunes, il est la seule figure gay réelle. « J’avais un rôle très politique. Je suis devenu le réalisateur de ma propre vie. » À la fin de l’émission, il décide de rester à Toronto et reprend sa profession de journaliste tout en restant activement impliqué dans le militantisme. À 40 ans, c’est la crise… de la quarantaine : « Je me suis réveillé et je me suis dit OK, je dois travailler pour faire de la planète quelque chose de meilleur ». 

Il devient directeur des communications à Boys & Girls Clubs of Canada, puis le téléphone sonne de nouveau. Pride cherche un directeur général et veut le rencontrer. Lui, il sait déjà ce qu’il veut : un festival où on invite les gens à danser, mais aussi à réfléchir. « C’est pas pour mettre des licornes et des papillons. » Une vision qui séduit le conseil d’administration. 

Pour son premier Pride (2015), il frappe fort en invitant les Pussy Riot. Il travaille aussi pour les droits des lesbiennes et des transgenres, longtemps oubliés. Le programme pour Pride 2016? La semaine Pride devient un mois grâce à la mise en place de partenariats avec les grands festivals de Toronto. Justin Trudeau a également répondu présent pour défiler. Et il est prévu de célébrer la culture du Moyen-Orient d’un point de vue queer! Tout un programme chargé de messages. Quand on lui demande son avis sur son élection parmi les personnalités les plus influentes de Toronto, il répond : « Ils ont peut-être vu la vision que j’ai tenté d’établir. Mais c’est autant Pride que moi qui mérite ce titre-là. »

Photo: Mathieu Chantelois, directeur de Pride Toronto

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