Le Métropolitain

M.I.C.R.O. contribue à l’épanouissement des communautés noires

Richard Caumartin

Le Mouvement pour l’inclusion des communautés racisées de l’Ontario (M.I.C.R.O.) encourage les afro-descendants à se reconnecter intentionnellement à ce qui reste de leur culture, à l’embrasser en vue de renforcer leur construction identitaire, à mieux s’ancrer dans leur environnement et répondre aux défis du monde, pour un meilleur vivre-ensemble au Canada.

C’est la mission de cet organisme fondée par Elykiah Doumbe. « M.I.C.R.O. existe depuis 2020 de façon informelle et avons reçu notre incorporation en 2023, précise-t-elle. Nous avons bénéficié de la générosité de la Fondation Trillium en septembre 2022, qui nous a fait confiance par rapport à un projet intitulé Connexions culturelles.

« Il s’agit d’un programme qui repose sur quatre piliers dont le premier est des cours swahili, parce qu’il est important que l’on s’approprie nos langues africaines, qu’on les apprenne et les transmette à nos enfants. C’est sûr qu’il y a beaucoup de langues africaines, alors nous avons porté notre choix sur le swahili parce que c’est une langue officielle de l’Union africaine et la plus parlée à travers le monde, au point où la Colombie l’a même adoptée dans ses programmes scolaires. »

Le projet vise un double objectif, soit d’outiller les parents et tuteurs, et en faire des passeurs culturels pour qu’ils puissent se reconnecter à leur culture dans le but de la partager et la transmettre à leurs enfants. Ils pourront ainsi démontrer que les jeunes, qui ont un ancrage solide de leur conscience historique et culturelle, sont moins déstabilisés par la discrimination et le racisme.

« Le second pilier est un club de lecture pour encourager nos jeunes à lire, ajoute la fondatrice du M.I.C.R.O., et à découvrir des auteurs noirs qui ont peut-être une pensée différente des autres. Ceci leur permettra d’appréhender de nouveaux concepts et d’apprendre de ces auteurs d’horizons différents. »

L’organisme offre également une classe de narration. « Il est important de se raconter aujourd’hui parce qu’il faut vraiment porter sa voix, insiste Mme Doumbe. Il faut être entendu. Comment se raconte-t-on lorsqu’on est une personne, une famille? Il ne faut pas laisser les autres raconter qui on est à notre place et se réapproprier notre histoire. Ces ateliers sont offerts par des personnes de différents profils telles que des cinéastes, des conteurs et des écrivains. »

Enfin, comme quatrième pilier, ce sont des ateliers de passeurs culturels. « Dans ces ateliers, on parle de l’histoire et des ruptures de l’histoire africaine. On voit donc comment nous pouvons retrouver le fil de l’histoire afin de la transmettre à nos jeunes, ce qui est important surtout lorsque l’on se retrouve hors du continent. Ces enfants sont assez perdus. Ils sont assis entre deux chaises, ce qui est assez inconfortable, et aussi parce que les études prouvent qu’un enfant qui a développé une fierté identitaire n’est plus ancré dans le monde et se projette mieux vers l’avenir. Il réussit mieux car il a cette fierté en lui qui le porte », ajoute Mme Doumbe.

La clientèle du M.I.C.R.O. est tous les afro-descendants, les adultes de 20 ans et plus du Grand Toronto et de Hamilton. Pour Elykiah Doumbe, il s’agit de faire renaître au sein de ces communautés les valeurs ancestrales UBUNTU, qui sont des valeurs d’entraide, de bienveillance et de solidarité, des valeurs qui reposent sur la conscience historique et le renforcement d’une identité culturelle.

Photo : Elykiah Doumbe, fondatrice du M.I.C.R.O.

Exit mobile version