Les prix Trilliums 2014 ont été dévoilés. Les vainqueurs francophones sont Marguerite Andersen (La mauvaise mère) et Daniel Groleau Landry (Rêver au réel). Ils ont respectivement 89 et 25 ans.
Qu’est-ce que l’annonce des résultats d’un concours? Comment vit-on l’attente, les toutes dernières secondes avant que le verdict ne tombe? Prépare-t-on un discours en cas de victoire? Et si d’aventure on gagne, comment réagir? Il y a plusieurs écoles. Les francophones sont visiblement beaucoup plus démonstratifs que les anglophones. Les auteurs anglophones qui ont reçu le prix de poésie Trillium furent émus, pour sûr. Mais leur émotion était rentrée, professionnelle et sobre. Alors que celle de Daniel Groleau Landry était absolument éruptive. Pourtant, quel contraste avec la tension qui régnait à sa table, juste avant qu’il ne touche le gros lot!
Daniel Groleau Landry est un drôle de garçon. Un physique de déménageur, des oreilles triplement percées, du gel dans les cheveux et d’étranges mocassins blancs éclatants. Bref, une allure plus proche de celle d’un bassiste d’un groupe de métal que d’un poète éthéré façon Charles Beaudelaire. Pourtant, à en croire les membres du jury du prix Trillium, il aurait de l’or dans la tête, une sensibilité d’esthète et surtout, de la plume.
Selon Paul Savoie, qui faisait partie du jury, et qui s’y connaît un peu en matière de plume, lui qui en a fait sa vie, et qui grâce à la sienne, a gagné une reconnaissance internationale. « Daniel Groleau Landry, c’est une précision effervescente, dynamique, éclatée. Son style rappelle Éric Charlebois. C’est une poésie transformative, ludique et profonde à la fois. Le poète est sur une corde raide, c’est très touchant. »
Daniel Groleau Landry est un bon fils. Sa première pensée, prix en main, est pour sa mère, qui est aussi « son éditrice ». Sa deuxième pensée est allée pour tous les auteurs franco-ontariens qui l’ont inspiré, et dont bon nombre étaient dans la salle : « Vous avez été des lumières qui m’ont guidé dans les moments noirs de ma vie ». Plus tard, en entrevue, il insistera sur « l’honneur » de recevoir ce prix qui récompense « plusieurs années de travail et qui est un gage de confiance pour le prochain ».
Un peu plus loin, Marguerite Andersen est soulagée d’avoir attendu une « décision difficile ». En ce qui la concerne, c’est sa fille qui a assuré l’exubérance à l’annonce du prix. « Lorsque la tension se défait, c’est agréable », dit celle qui souhaite montrer que « les femmes âgées sont encore pleines d’énergie », et aussi, qu’elle peut « faire encore mieux ». Qu’on se le dise, ce n’est pas le dernier livre de Marguerite Andersen.
Que dit ce millésime Trillium 2014 de la création littéraire de l’Ontario français? Pour Paul Savoie, s’il y a un défaut, ce n’est pas un défaut de qualité, mais de quantité. « Il n’y a pas assez d’auteurs, de jeunes qui se lancent. Mais ceux qui le font, le font très bien », résume-t-il.