Bien que ville récente, avec seulement 200 ans d’histoire, Toronto compte un nombre étonnament élevé de bâtisses hantées. Et à l’occasion de la Toussaint et de l’Halloween, en voici un bref récapitulatif, histoire de ne pas passer à côté du frisson.
Le phare de Point Gibraltar, sur l’île de Toronto. Alors que le vent bat les carreaux du vieux phare, sur l’île centrale du parc des îles de Toronto, on dit qu’on aperçoit ce vieux loup de John Paul Rademuller, l’un de ces derniers gardiens, monter et descendre les escaliers. Il vit sa vie post-mortem, affairé à sa tâche. Allumer la flamme, éviter les naufrages. M. Rademuller fut assassiné brutalement en 1815. Son meurtrier n’a jamais été retrouvé. S’il l’est un jour, peut-être que le gardien trouvera enfin son repos…
Keg’s House. Le restaurant connu pour ses steaks et ses fruits de mer est sans doute l’endroit le plus connu des amateurs de fantômes et de paranormal. On ne compte plus les récits et les témoignages sur la bâtisse lugubre. À l’origine, la maison est construite pour être celle de Lord William McMaster (le fondateur de l’université du même nom) et a accueilli sous son toit des invités prestigieux, tels que le roi Georges IV et la reine Mary. Il paraît que presque tous les soirs, on entend des enfants courir sur les vieux planchers de la maison. Parfois, on y voit le fantôme d’une servante, pendue après une crise de chagrin (c’est ce que raconte l’histoire officielle), se balancer au bout de sa corde… Un conseil : éviter les toilettes des dames.
Restaurant Gold Diamonds (autrefois Bright Pearl). Au cœur de Chinatown, le grand bâtiment jaune a longtemps abrité un esprit frappeur. Faisant d’ailleurs fuir la clientèle, si bien que les anciens propriétaires ont fermé l’entrée principale, sur Spadina, pour ouvrir une seconde entrée, dans une rue adjacente. Les deux entrées sont flanquées de lions chinois, sensés repousser les esprits, si bien que selon les spécialistes, les toilettes de ce restaurant ne sont plus hantées…
Queen’s Park. Le lugubre siège de l’Assemblée législative ontarienne fut au XIXe siècle un asile de fous. Les fantômes qui y traînent leurs guêtres sont des réminiscences de ce temps. Parfois, au clair de lune, on peut croiser un trio de femmes en longues robes blanches, éternelles pensionnaires de l’asile, qui laissent retentir leurs lugubres plaintes. On parle aussi d’une pendue (une autre!) que l’on apercevrait parfois dans le tunnel du sous-sol, et d’un soldat en vieil uniforme rouge… Ouvrez l’oeil!
L’ancien Hôtel de ville. Autre lieu politique, l’ancien Hôtel de ville, et en particulier la salle d’audience 33,
est hantée par d’anciens condamnés à mort, venus se venger des juges qui les ont envoyés à la potence… Des juges un peu émotifs jurent avoir senti des mains glacées traîner autour de leur cou, en pleine audience. D’ailleurs, l’ancienne prison Don Jail, où ont eu lieu les dernières exécutions, serait également très fréquentée par ces messieurs d’outre-tombe.
Le Great Hall. C’est le petit dernier des lieux hantés de Toronto. L’immense bâtisse, salle de concert et d’art, fut autrefois un bâtiment du YMCA, on y jouait au basketball et on y trouvait une piscine. Il fut plus tard acheté par les Templiers de la Tempérance, en 1912, une société qui luttait contre l’alcool. Il est ensuite passé entre les mains de la communauté polonaise avant de devenir un lieu de création dans les années 1980 et un lieu de concert aujourd’hui. On entend parfois des pas sourds, lorsque le bâtiment est vide. Et si on tend l’oreille, la plainte d’un jeune garçon. Parfois, des lumières blanches apparaissent et les amis de Chris Levoir, figure de la scène indie rock de Toronto décédé en juin dernier à 31 ans, sont persuadés de sentir sa présence dans ses lieux qu’il aimait tant…
Bien entendu, il s’agit surtout de légendes urbaines. Reste que la plupart de ces lieux sont si vieux, si imprégnés de leur histoire, qu’on ne s’y sent définitivement pas seul…
Photo : Le Great Hall, situé au 1087, rue Queen Ouest, est le petit dernier des lieux hantés de Toronto.