Le Métropolitain

Les conseils scolaires catholiques francophones tiennent leur congrès provincial à London

En 1786, une première école catholique de langue française ouvrait ses portes dans la paroisse de l’Assomption, qui aujourd’hui se situerait à Windsor. L’enseignement francophone dans les « Pays-d’en-Haut » avait déjà plusieurs décennies d’existence mais qui, pour l’essentiel, s’était limité jusque-là aux efforts sporadiques des missionnaires. Quoi qu’il en soit, bien du chemin a été parcouru jusqu’à aujourd’hui, où les huit conseils scolaires catholiques, qui fêtent cette année le 15e anniversaire de leur fondation, comptent désormais sur un réseau étendu d’écoles qui couvre toute la province. Du 3 au 5 mai derniers, l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques (AFOCSC) tenait son congrès annuel à London et, bien que la commémoration des grandes dates du passé ait été soulignée, c’est plutôt la politique qui a tenu le haut du pavé des discussions.

La conférence de presse, tenue en matinée du vendredi 3 mai, a été l’occasion pour les intervenants de faire un retour sur les succès des conseils scolaires catholiques. « Ces 15 années nous ont permis de bâtir une identité francophone et catholique solide pour nos élèves et nos communautés », a affirmé Melinda Chartrand, présidente de l’AFOCSC. Jean Lemay, président du Conseil scolaire de district catholique de l’Est ontarien, a souligné combien les diplômés offrent une contribution remarquable dans leur communauté et même à l’échelle du Monde. Un constat partagé par Mgr Marcel Damphousse, évêque d’Alexandria-Cornwall et répondant de l’AFOCSC : « Je suis convaincu que la mission de l’école catholique de langue française contribue à rehausser la qualité de vie dans notre société. »

Après ces quelques mots empreints de fierté et d’optimisme, c’est en soirée que le congrès a pris son envol, alors qu’un cadre de référence des finissantes et des finissants des écoles secondaires catholiques a été présenté par des élèves conseillers. Comme c’est souvent le cas avec les congrès, c’est cependant la journée du samedi qui a été la plus consistante en discussion et en formation. Dans le contexte social actuel et avec, en toile de fond, le souvenir des conflits de travail qui ont secoué le milieu enseignant l’année dernière, la politique s’imposait comme thème. Apprendre à dialoguer avec le gouvernement et composer avec le positionnement des partis ont été au cœur de la journée. « On se trouve dans une situation difficile avec le gouvernement provincial : il se pourrait qu’il y ait des élections qui s’en viennent, fait remarquer Melinda Chartrand. On trouve que c’est très important pour nous, comme conseil scolaire, d’avoir un plan stratégique, non seulement dans notre région mais à travers la province. »

Après un atelier sur les conflits d’intérêt, présenté par Me Claire Vachon, et une allocution du père Thomas Rosica, directeur général de la Fondation catholique Sel et Lumière média, c’est à un substantiel discours de la ministre de l’Éducation, l’Honorable Liz Sandals, auquel les congressistes ont assisté. Pour poursuivre dans la veine politique, ce sont ses caractéristiques ontariennes qui ont été au coeur de la présentation de Stewart Kiff, lobbyiste pour le compte des conseils scolaires catholiques de langue française à Queen’s Park. Avec leurs 271 écoles, leurs 72 000 élèves, les succès rencontrés par ces derniers et l’attachement que les parents éprouvent pour l’enseignement catholique, les conseils membres de l’AFOCSC disposent d’arguments de poids pour convaincre les décideurs politique de leur utilité et de leur popularité. Isabelle Charbonneau, présidente du Conseil scolaire catholique de district des Grandes Rivières, résume le dilemme des politiciens qui, à terme, tourne à l’avantage des écoles catholiques : « Est-ce qu’on veut vraiment enlever une machine qui marche bien? Je ne crois pas. Donc la pertinence de nos conseils, on l’a prouvée, on est là pour rester. »

Après un panel de discussion regroupant des intervenants de divers secteurs, ce sont les faux-pas à éviter dans le cadre du démarchage politique qui ont fait l’objet d’une présentation de Yves Levesque, conseiller scolaire bien connu de la région de Toronto. Ainsi se concluait une journée très formatrice pour les congressistes, en particulier pour l’association qui les représente. « Comme vous savez, l’AFOCSC, c’est une organisation de huit conseils scolaires catholiques qui se réunissent. On a des besoins régionaux qui souvent passent par la politique. Entre autres, on doit faire des représentations, des contestations ou quoi que ce soit vis-à-vis du ministère de l’Éducation qui est à Toronto, explique Jean Lemay, président du Conseil scolaire de district catholique de l’Est ontarien. À travers notre association provinciale, on veut avoir un impact politique sur les décideurs. »

Le moment marquant du banquet, en soirée, fut la remise du 6e Prix d’excellence en éducation catholique de l’AFOCSC. C’est à Lucie Guillemette, de Woodstock, impliquée de longue date auprès du Conseil scolaire de district des écoles catholiques du Sud-Ouest comme conseillère et présidente, que le prix a été décerné. « J’ai ressenti l’amour, la confiance et la fidélité des gens qui m’entourent. Je les appelle toujours ma famille du Sud-Ouest! », a-t-elle confié en entrevue.

Le dimanche, c’est en particulier l’assemblée générale annuelle de l’AFOCSC, au cours de laquelle Melinda Chartrand a été réélue présidente, qui a retenu l’attention des participants dont le congrès s’est conclu sur l’heure du dîner. L’exercice, au cours des trois jours qu’il a duré, a permis aux dirigeants du milieu scolaire catholique de langue française de s’outiller afin d’affronter efficacement les défis à venir.

Photo : Le conseil d’administration de l’Association franco-ontarienne des conseils scolaires catholiques en compagnie de la ministre de l’Éducation Liz Sandals (assise au centre).

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