La pièce Lentement la beauté est présentée à Toronto dans sa version anglaise jusqu’au 30 mars au théâtre Tarragon. Retour sur une pièce qui a bouleversé le Québec.
Créée en 2003 par le Théâtre du Niveau Parking (TNP), la pièce Lentement la beauté a rapidement conquis le public des quatre coins du Québec. On y raconte l’histoire d’un homme sans histoire arrivé au mitan de sa vie. Un jour, il gagne des billets pour une représentation des Trois Soeurs de Tchekhov. Bouleversé par l’univers du dramaturge empli de questions sur le sens de la vie, l’homme entamera une recherche sur la pertinence de sa propre existence.
Pas besoin de bien connaître le maître absolu du théâtre russe pour apprécier cette pièce. Toutefois, les ambiances langoureuses des maisons de campagne russes où l’ennui provincial recouvre les illusions perdues ne sont pas absentes de Lentement la beauté.
« La pièce est moins mélancolique que ce que l’on voit dans le théâtre de Tchekhov, indique Maureen Labonté, la traductrice de la pièce. Mais on retrouve tout de même la même mélancolie nordique. »
Maureen Labonté est aussi une grande amoureuse du théâtre et de Tchekhov. Dramaturge, enseignante et traductrice, elle a notamment été directrice du Banff Playwright’s Colony, de 2006 à 2011, et a enseigné à l’École nationale de Théâtre dans les années 1990. Prolifique traductrice (plus de 35 pièces), elle verra son travail sur Lentement la beauté publié prochainement.
« Je suis allée voir la pièce à Montréal fin 2004 et j’ai eu un coup de foudre, confie-t-elle. J’ai tout de suite été persuadée qu’il fallait que je la traduise. » Maureen Labonté est aussitôt allé voir Michel Nadeau, le metteur en scène, et l’a convaincu que le projet de création collective qu’est cette pièce avait tout pour plaire au public anglophone. Depuis, la pièce a été jouée à Victoria et à Ottawa.
Cependant, c’est surtout au Québec qu’elle a obtenu un succès impressionnant. « L’histoire du personnage principal touche énormément de gens, poursuit-elle. C’est un homme établi, avec femme et enfants adultes. Il occupe un poste bureaucratique. Mais le soir ou par hasard, il va au théâtre, une conjonction d’éléments entraîne une crise existentielle. » Une crise calme, « pas une explosion », selon Maureen Labonté, qui parle de cette pièce de façon très personnelle.
Mais évidemment, ces moments de lucidité tranquille arrivent à tout le monde. Chacun de nous, devant un livre, un film, une pièce, s’est déjà posé la question la plus ultime, la plus terrifiante et la plus enivrante qui soit : pourquoi suis-je sur terre? Quel est le sens de ma vie? Et comme le montre Lentement la beauté, cette réflexion peut aussi être belle et positive.