Le magnifique hall d’entrée de la place Brookfield accueille le World Press Photo 2015 jusqu’au 20 octobre prochain. Le portrait saisissant d’une jeune fille turque participant au cortège funèbre de Berkin Elvan – un adolescent ayant été touché à la tête par une bombe lacrymogène lancée pendant les manifestations de juin 2013 contre le régime du Premier ministre Erdogan – arrêtée sous la pluie par des policiers près de la place Taksim à Istanbul sert d’entrée en matière pour l’exposition annuelle. Il s’agit en fait du premier prix de photo isolée dans la catégorie « Spots d’informations », prise par le journaliste turc Bulent Kilic.
À ses côtés est présentée la Mention honorable dans la catégorie « Reportages » de Fatemeh Behboudi, qui se constitue en quatre clichés portant sur la guerre Iran-Irak ainsi que le deuxième prix de photo isolée dans la catégorie « Nouvelle générale » de Massimo Sestini, montrant une vue aérienne d’une embarcation de fortune où s’entassent des centaines de réfugiés, à 25 km de la côte libyenne, juste avant leur sauvetage grâce à l’Opération Mare Nostrum, mise en place par le gouvernement italien.
À quelques pas de là, on découvre le travail de Jérôme Sessini et ses deux séries de photoreportages. Originaire de France, il a couvert en 2014 la guerre entre l’Ukraine et la Russie et a remporté le deuxième prix de la catégorie « Reportages/Spots d’informations » grâce à cinq photographies sur le sujet, publiées dans le quotidien flamand Da Standaard. On y voit des manifestants blessés par des tirs rivaux sur la place de l’Indépendance à Kiev, le Maïdan, après le rejet d’un accord d’échange avec l’Union européenne. Des soldats gisent sur le sol et un prêtre orthodoxe bénit les protestataires.
À côté de ceux-ci sont exposées ses six photos ayant obtenu le premier prix dans la même catégorie, parues non seulement dans Da Standaard, mais aussi dans le magazine Time. Cette série porte sur l’écrasement du vol MH17 d’Air Malaisie, reliant Amsterdam et Kuala Lumpur et ayant été la cible d’un missile, prétendument fournie par la Russie aux rebelles pro-russes. Ces clichés présentent notamment un homme ensanglanté, encore assis sur son siège passager, au milieu d’un champ de blé, des hommes cherchant des restes humains près du site du crash, des voisins contemplant le désastre et un cadavre ayant transpercé le toit d’une maison.
Chaque année, le World Press Photo saisit, bouleverse et émerveille. Bien qu’il soit difficile de contenir ses larmes à la vue de certains photoreportages, ils sont toujours aussi justes et à propos.
Il est possible de voir l’exposition gratuite tous les jours entre 9 h et 21 h, à la place Brookfield.
Photo: Jeune fille arrêtée par des policiers pour avoir participé au cortège de Berkin Elvan à Istanbul.