À la question de savoir où trouve-t-on les plus beaux vitraux, Joëlle Guidini-Raybaud répond avec fierté que la France possède quelques-uns des plus beaux spécimens. Elle s’empresse néanmoins d’ajouter qu’on peut aussi admirer de très beaux exemples de vitraux en Angleterre, en Allemagne, en Suisse et en Italie.
Auteure d’une thèse sur le vitrail en Provence occidentale du XIIe au XVIIe siècle,enseignante à l’Université de Provence durant trois années avant de venir s’établir au Canada et aujourd’hui guide au Musée royal de l’Ontario, Joëlle Guidini-Raybaud est venue partager son expertise sur l’art du vitrail auprès d’un large auditoire au campus de l’Alliance française de North York. À l’invitation de la Société d’histoire de Toronto, cette spécialiste du vitrail moyenâgeux a présenté le fruit de ses recherches sur le processus utilisé par les « vitraillers » provençaux.
« Pour confectionner un vitrail, il faut du verre, du plomb et de la peinture ». C’est ainsi que Joëlle Guidini-Raybaud résume ce processus à l’intention du néophyte.
Fait à partir de morceaux de verre plat soufflé, peint en utilisant un savant mélange de pigments appelé « grisaille », cuit à environ 600 degrés et enfin assemblé à l’aide de baguettes de plomb, un vitrail de style monumental, comme ceux qu’on trouve dans les prieurés, églises ou cathédrales françaises, pouvait prendre à un maître et son apprenti six mois à réaliser. Petit à petit, les techniques vont se raffiner au cours du Moyen-âge et les vitraillers parviendront à ajouter de plus en plus de détails en jouant avec des nouvelles peintures comme le « jaune d’argent », sans pour cela ajouter plus de morceaux et nuire ainsi à l’esthétique.
Bien que quelques fouilles archéologiques aient fait apparaître des fragments de vitrail réalisés au VIe siècle, l’art du vitrail fut en vogue entre le XIIe et le XVIIe. Il connut son apogée au XVe. Suite à la Réforme et à l’arrivée du protestantisme, le vitrail entama alors une période de déclin. Un désir d’avoir des lieux de culte moins sombres, (les vitraux ont tendance à assombrir les églises), une crise économique, des prêtres soucieux de vérifier que toutes leurs ouailles assistaient bien à la messe et la nécessité d’une bonne lumière pour lire le livre de messe firent que les vitraux eurent tendance à disparaître.
Durant la Révolution française, un certain nombre de vitraux furent détruits. Le vitrail allait cependant connaître une certaine renaissance au XIXe. Lors des deux grands conflits mondiaux du XXe, les vitraux des cathédrales françaises furent photographiés et démontés afin de les protéger des bombardements. Aujourd’hui, des petits vitraux ornent souvent la partie supérieure des fenêtres et des portes des maisons, y compris à Toronto.
Qui décidait de ce qui allait être représenté dans un vitrail? Question intéressante qui fut soulevée par l’auditoire et à laquelle la conférencière apporta des éléments de réponse. La plupart des vitraux représentaient bien entendu des scènes religieuses. On note cependant qu’apparaissent parfois des noms ou des armoiries dans un coin du vitrail. Dans certains cas, l’artiste apposait son nom ou bien celui du riche donateur. Mais en consultant les livres des églises provençales, Joëlle Guidini-Raybaud s’est rendue à l’évidence que c’est l’église qui décidait, alors que le donateur semble avoir exercé une influence minime sur l’iconographie.
Où doit-on aller pour admirer des beaux vitraux ? C’est en « Douce France » qu’il faut se rendre. Plus de la moitié des vitraux dans le monde ornent les églises et cathédrales françaises. La Normandie, la Champagne, la région parisienne et la Bretagne possèdent parmi les plus beaux exemples de vitraux. Les villes de Rouen, Chartres et Paris figurent aux premières places.
En attendant d’acheter leur billet d’avion, les Torontois peuvent aussi admirer des beaux exemples au Musée des beaux-arts de l’Ontario, au Musée royal de l’Ontario et tout particulièrement dans la Tour des soldats du Hart House sur le campus de l’Université de Toronto.
Pour obtenir plus de renseignements au sujet des conférences organisées par la Société d’histoire de Toronto, consulter le site www.sht.ca.