Le Métropolitain

Le « rêve américain » malmené par le Théâtre La Tangente

Les évènements se succèdent dans le cadre des célébrations du 400e anniversaire de la présence française en Ontario. Le prochain sera offert par le Théâtre la Tangente qui présentera en primeur aux Torontois la seconde partie de la pièce Americandream.ca. C’est au Théâtre Glendon que le public pourra assister aux représentations des 3 et 4 septembre. L’ensemble de l’œuvre, soit les première et deuxième parties, sera à l’affiche au même endroit le 5 septembre et une traduction simultanée sera disponible à l’usage des spectateurs anglophones. Le spectacle sera suivi d’une table ronde portant sur la dramaturgie franco-ontarienne.

Mais qu’est-ce qu’Americandream.ca? Le premier volet de cette oeuvre de Claude Guilmain, auteur, metteur en scène et cofondateur de La Tangente, fut révélé au public en 2013. On y découvrait une famille canadienne-française et les enjeux vécus par chacun de ses membres. La suite fait davantage place à l’action : les spectateurs seront témoins des réactions des personnages face aux situations qui les affectent.

Six protagonistes se partagent la scène. Alain, Claude et Maude Cardinal sont frères et sœur. À l’occasion du 50e anniversaire de naissance de l’aîné, ils se réunissent pour festoyer. Pat, l’épouse d’Alain, de même que Brigitte et Émilie, les filles de Maude, sont également présentes. Dans ce type de réunion de famille, tout passe ou tout casse… La vie nébuleuse de Joseph Cardinal, grand-père des trois frères et sœur qui ne l’ont jamais connu, revient hanter la famille. Il appert en effet que l’aïeul Cardinal, disparu il y a longtemps alors qu’il résidait à New York, pourrait avoir été mêlé aux évènements entourant l’assassinat du président Kennedy en 1963. Comme si le poids du passé n’était pas suffisant, les personnages doivent aussi composer avec le présent, soit leurs propres problèmes psychologiques et professionnels.

En dépit des apparences, la pièce fait souvent place à l’humour. Mais le propos de l’œuvre se veut plutôt social, non pas militant, mais destiné à dresser un constat. « On parle de tout ce qui est en train de s’écrouler dans la société nord-américaine », explique Claude Guilmain, évoquant à grands traits le monde du travail, le système d’éducation, les mœurs, etc. Dans cette pièce, le passé et le présent s’entrechoquent, la vie en société et la vie de famille s’entremêlent. « C’est un portrait de tout ça et comment une famille canadienne-française va être influencée par ce qui se passe autour d’elle », ajoute M. Guilmain. Le vécu des personnages laisse le spectateur sous l’impression que le « rêve américain » s’est brisé et qu’en vain tous essaient d’en recoller les morceaux. « Dans la vie, on fait des choix, on les assume, mais tout ce qui se passe autour de nous est tellement hors de contrôle qu’on peut dire que dans la société, on est seulement des passagers », résume l’auteur.

La mise en scène, s’éloignant drastiquement du réalisme, a pour objectif de créer un spectacle envoûtant. La vidéo y est amplement utilisée alors que les accessoires sont à peu près inexistants. L’éclairage et le décor mécanisé contribuent à créer une atmosphère hors-norme. Bref, tout pour rendre justice à La Tangente, consacrée à la création théâtrale.

Claude Guilmain projette de faire une troisième et dernière partie à Americandream.ca dans laquelle le voile serait levé sur les parents et le mystérieux grand-père des trois frères et soeur. L’auteur espère que le point final à cette saga familiale sera prêt pour la saison théâtrale 2016-2017.

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