Le Métropolitain

Le racisme subi par les Autochtones est toujours bien présent

La programmation en français à la Bibliothèque publique de Toronto, succursale de l’hôtel de ville de Toronto, a organisé une conversation sur le racisme vécu par les Autochtones au Canada. La rencontre était animée par la poète et comédienne innue Natasha Kanapé Fontaine et l’auteur américano-québécois Deni Ellis Béchard, et ils ont discuté du sujet exploré dans le livre Kuel, je te salue qu’ils ont co-écrit sous forme épistolaire.

Tout a commencé en 2015 à la suite de la parution d’un article de la journaliste québécoise Denise Bombardier qui critiquait les Autochtones en disant que la « culture des autochtones et non les cultures est mortifère et anti-scientifique », rapporte Natasha Kanapé Fontaine.

« Cela a créé une vague d’insultes envers les Autochtones au Québec », ajoute-t-elle.

Plusieurs auteurs autochtones ont alors écrit une lettre ouverte pour répondre à Denise Bombardier et rectifier les faits, mais celle-ci n’a pas eu beaucoup d’impact. La jeune poète va donc encore plus loin.

Invitée au Salon du livre de la Côte-Nord, elle découvre que Denise Bombardier y est aussi. « J’ai décidé de faire une déclaration, une manifestation », confie la jeune femme. Elle a contacté plusieurs femmes innues qui l’ont accompagnée à la conférence de Mme Bombardier. Au moment de la période de questions et réponses, Natasha Kanapé Fontaine s’est levée et a lu la lettre ouverte devant le public et la journaliste.

« Dans cette lettre, on appelait à l’action et à un dialogue entre les femmes autochtones et québécoises pour pouvoir construire un autre Québec », explique-t-elle. S’ensuivit un échange extrêmement houleux entre les femmes autochtones et Mme Bombardier dont Natasha Kanapé Fontaine se souvient.

« À cette époque, Mme Bombardier avait publié un dictionnaire amoureux du Québec. À la lettre « A », il y avait le mot autochtone. Elle me l’a lu en me disant que les Autochtones étaient des êtres sans âme dépendant de l’État. Je me souviens que ce fut très violent pour les femmes qui étaient avec moi », précise la poète innue.

Deni Ellis Béchard, également présent à cette conférence, a été excessivement choqué et ne pensait pas voir ça au Québec. De cette conférence est née leur collaboration d’écriture.

Dans cette rencontre poétique et littéraire, les deux auteurs se livrent sans concession ni tabou. Deni Ellis Béchard évoque le racisme de son père qu’il a entendu dès son enfance tandis que Natasha Kanapé Fontaine parle des pensionnats autochtones qu’elle a découverts et de la crise d’Oka.

« En 2018, le racisme envers les Autochtones est toujours présent, ajoute la jeune femme et elle le regrette amèrement. Ce livre permet d’ouvrir un dialogue et d’amorcer la réconciliation entre nos peuples. »

 

PHOTO: Deni Ellis Béchard et Natasha Kanapé Fontaine

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