Le Métropolitain

Le premier ministre Doug Ford change de ton envers les francophones

Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a légèrement modifié sa décision concernant le sort du Commissariat aux services en français. L’institution ne retrouvera pas son indépendance, mais le commissaire va conserver son poste sous la direction de l’ombudsman.

Dans un communiqué, le gouvernement ontarien a annoncé, le vendredi 23 novembre, son intention de proposer « des modifications au projet de loi 57, Loi de 2018 visant à rétablir la confiance, la transparence et la responsabilité, afin de créer le poste de commissaire aux services en français ».

Le poste avait été aboli dans la controverse la semaine précédente lors d’une mise à jour économique du gouvernement Ford. Le commissariat devait se retrouver sous la responsabilité de l’ombudsman, ce qui demeure le cas, mais son commissaire va vraisemblablement demeurer en poste.

Cette décision avait été annoncée en même temps que celle d’abandonner le projet d’Université de l’Ontario français (UOF).

Deux mesures hautement décriées par la communauté franco-ontarienne, qui a entrepris de se mobiliser.

Dans une deuxième décision visant à apaiser la colère des francophones, le gouvernement a révélé, vendredi dernier, qu’il transformerait l’Office des affaires francophones en véritable ministère des Affaires francophones. Celui-ci sera confié à Caroline Mulroney.

Le communiqué du gouvernement ontarien précise que la nouvelle ministre aura « le pouvoir de défendre les intérêts des Franco-Ontariennes et des Franco-Ontariens et de veiller à la prestation des services en français ».

Le premier ministre Ford a aussi annoncé l’ajout d’un « conseiller principal en politiques responsable des affaires francophones » au sein de son cabinet.

En conférence de presse, le vendredi 23 novembre, Carol Jolin, le président de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), a qualifié le changement de ton du gouvernement d’  « ouverture au dialogue », d’ « un pas dans la bonne direction ».

M. Jolin s’est cependant dit « stupéfait » d’avoir encore une fois été ignoré, alors que l’AFO n’a pas été consultée et n’a même jamais eu de nouvelles du gouvernement Ford avant les annonces du 23 novembre dernier.

Carol Jolin a maintenu que le commissaire aux services en français devait retrouver son indépendance pleine et entière.

En ce qui concerne l’avenir de l’UOF, Toronto n’est pas revenu sur sa décision. Toutefois, la nouvelle ministre des Affaires francophones, qui sera éventuellement assermentée, a laissé entendre qu’elle ne fermait pas complètement le dossier.

« J’attends avec impatience le jour où l’état des finances publiques nous permettra d’aller de l’avant avec des projets comme celui de l’université de langue française », a affirmé Caroline Mulroney dans le communiqué.

« Je resterai une ardente défenseure de cette université », a-t-elle assuré.

L’AFO n’entend pas non plus lâcher le morceau. M. Jolin a dit avoir parlé avec Mme Mulroney, qui se serait toutefois contentée de répéter le contenu du communiqué publié par le gouvernement.

« Nos demandes n’ont pas changé dans le dossier de l’université, on veut qu’elle soit prête à ouvrir en 2020 », a insisté Carol Jolin.

Celui-ci a tenu à rappeler que la quarantaine d’actions citoyennes prévues le 1er décembre prochain auront lieu afin d’envoyer un message clair au gouvernement.

Il se pourrait d’ailleurs que l’AFO obtienne enfin sa rencontre avec le premier ministre Ford. Une possibilité à laquelle Caroline Mulroney aurait fait allusion durant sa discussion avec M. Jolin.

 

Mélanie Joly demeure aux aguets

La ministre responsable du dossier des langues officielles à Ottawa, Mélanie Joly, s’est entretenue avec Caroline Mulroney le 23 novembre.

Cette dernière aurait défendu la position de son gouvernement auprès de la ministre fédérale et lui aurait fait part des nouvelles décisions annoncées en fin de journée.

« Pour nous, il s’agit de mesures qui visent essentiellement à calmer la grogne, a commenté la ministre Mélanie Joly. Et puis, je pense qu’il va falloir continuer à mettre de la pression. »

Mme Joly a prévenu que les communautés francophones surveilleraient le gouvernement Ford de près et elle s’est engagée personnellement à se tenir aux aguets. « Vous pouvez compter sur moi pour les avoir à l’œil », a-t-elle promis.

Le commissaire aux services en français de l’Ontario a publié une brève déclaration écrite pour indiquer qu’il « ne fera pas de commentaires immédiats à propos de la nouvelle annonce » du gouvernement.

Le commissaire François Boileau a dit vouloir « prendre le temps d’analyser ces nouvelles informations » avant de réagir en début de semaine prochaine.

 

SOURCE : Ugo Giguère, La Presse canadienne

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