Le Métropolitain

Le groupe français C2C conquiert le Mod Club

Auréolé de sa récente razzia aux dernières Victoires de la musique, l’équivalent des Grammy Awards en France d’où ils sont repartis avec quatre statuettes pour autant de nominations, le groupe C2C s’est embarqué pour une petite tournée américaine qui faisait halte au Mod Club de Toronto le 8 avril dernier.

Alors que la salle se remplit lentement, DJ Mensa assure la première partie avec tact et goût. Passant des classiques des groupes ayant donné ses lettres de noblesse au hip-hop, de De La Soul à A Tribe Called Quest, il n’oublie pas que ce soir, la langue de Molière est à l’honneur et fait vibrer les enceintes de morceaux estampillés French touch, de Daft Punk à Cassius. Dans la salle, le public apprécie et les corps commencent à se déhancher en rythme.

Vers 21 h 30, DJ Mensa coupe la musique et les lumières s’éteignent. Des cris d’admirateurs accueillent 20Syl, Pfel, Atom et Greem qui s’installent derrière les platines. Durant près d’une heure et demie, les quatre paires de mains de ces magiciens vont glisser sur leurs vinyles luminescents et retourner une foule il est vrai totalement acquise à leur cause. À vue d’œil, parmi les quelque 300 personnes présentes (un nombre plus que décent pour un lundi soir), deux bons tiers détiennent le passeport de la République.

Les quatre comparses prennent comme d’habitude beaucoup de plaisir, poussant à se démener une foule qui n’en demandait pas tant. Les titres de Tetra, leur dernière pépite, montrent toute l’efficacité mais aussi l’évolution dans le son du groupe. Toujours solidement ancré sur une base hip-hop, les morceaux s’inscrivent dans une continuité électronique assumée avec brio. Mais ce qui fait d’un concert de C2C un moment magique, c’est aussi les visuels créés pour la scène. Les membres du groupe jouent avec le son et l’image par le biais de leurs platines, la table où se trouve le matériel pouvant se diviser en quatre cubes montés sur roulettes, chacun des membres contrôlant alors son propre écran. Le désormais célèbre Down The Road et ses bouches digitales chantant le refrain bluesy font mouche. Les spectateurs sont comme un bon hamburger : à point.

Le moment idéal pour une étape incontournable des concerts de C2C : le défi entre 20Syl et Greem d’un côté et Pfel et Atom de l’autre. Car la mouture finale de C2C provient d’une association de deux groupes : Hocus Pocus au sein duquel les deux premiers cités officiaient et Beat Torrent formés par leur adversaire durant ce quart d’heure. Grâce aux cubes ajustables, les deux équipes se font face et le public se scinde en deux clans, chacun supportant une des paires. L’ambiance, déjà bouillante, monte encore d’un cran. Pfel essaie bien de faire pencher la balance dans le camp de Beat Torrent avec une casquette des Blue Jays vissée sur le crâne mais il est bien difficile de désigner un gagnant tant la maîtrise technique est impressionnante des deux côtés de la scène.

Alors que les titres de Tetra prennent une bonne partie du concert, les quatre musiciens se permettent des incursions dans le passé avec par exemple l’excellent Feel Good, présent sur l’album 73 touches de Hocus Pocus. Les cris parmi le public redoublent d’intensité quand résonnent les premières mesures de la célèbre séquence qui a permis au groupe, encore appelé Coup2Cross à l’époque, de remporter quatre fois les championnats du monde DMC par équipe, récompensant les meilleurs DJ.

Après Happy, dernier single aux accents fox trot et une reprise-hommage d’Intergalactic des Beastie Boys, le groupe reviendra pour servir en rappel F-U-Y-A et partir sous les hourras d’un public en délire. Preuve qu’ils peuvent conquérir toutes les salles : mêmes les anglophones, à la sortie du concert, n’en croyaient ni leurs yeux ni leurs oreilles et ne tarissaient pas d’éloges devant la performance cinq étoiles d’un des meilleurs groupes scéniques du moment.

Photo : C2C et leurs vinyles luminescents. De gauche à droite : Atom, Pfel, 20Syl et Greem

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