La quarantaine que Beijing a imposée à des dizaines de millions de Chinois alimente les rumeurs et spéculations sur internet, une réaction prévisible face au contrôle de l’information pratiqué par le Parti communiste. Mais le reste de la planète n’échappe pas non plus aux inquiétudes et conjectures, certaines farfelues, d’autres fondées.
Dans la région de Toronto, les commerçants d’origine chinoise sont particulièrement touchés par la baisse d’achalandage dans leurs boutiques et restaurants depuis la fin du mois de janvier, la population craignant d’y être en contact avec des porteurs du coronavirus. Des initiatives, spontanées ou organisées, ont apporté un soutien à ces vendeurs et restaurateurs : ainsi, le 1er février, quelques douzaines de personnes ont participé à une marche dans le quartier chinois torontois dans le but de visiter des commerces et d’y faire des achats.
Ce type d’action limitée représente une aide sans doute bienvenue mais plus émotionnelle que financière. Les restaurants chinois ont ainsi enregistré de lourdes pertes (30 à 50 % dans bien des cas) au point où certains ont réduit leurs heures d’ouverture ou ont temporairement fermé leurs portes.
En réponse à ce problème, une centaine de restaurateurs de Markham et des environs ont décidé d’organiser un festival culinaire. À partir du 14 février et pendant deux semaines, Asialicious se donnera pour mandat de promouvoir la cuisine chinoise tout en dissipant les craintes entourant la propagation du coronavirus. La clientèle bénéficiera alors de divers rabais.
Un festival semblable, Taste of Asia, avait été lancé en 2003 à l’époque où l’épidémie du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) battait son plein et avait permis à la communauté de surmonter les difficultés économiques qui s’étaient présentées.
Il faut dire que lorsqu’un commerce ou restaurant voit ses revenus diminuer au point de menacer son existence, c’est aussi toute la chaîne de fournisseurs qui en souffre.
À ce chapitre, l’impact économique à long terme de l’épidémie de coronavirus soulève bien des questions alors qu’un nombre grandissant d’entreprises suspendent leurs opérations en Chine et que les déplacements y sont de plus en plus restreints. La Chine représente 17 % du produit intérieur brut mondial et son marché de la consommation est plus important que celui de l’Europe et des États-Unis combinés. Nul doute que le ralentissement de l’économie chinoise affectera le reste du monde au cours des prochains mois mais la grande inconnue reste l’ampleur de ce contrecoup.
Un dossier à suivre, donc, pour Toronto, métropole du Canada et son plus important carrefour financier et commercial.
PHOTO : Les commerçants et restaurateurs chinois de l’avenue Spadina, à Toronto, ont vu leur chiffre d’affaires diminuer depuis quelques semaines.