Jean-François Gérard
Alpha, Delta, Epsilon, Zeta, Omicron ou la toute dernière œuvre de la série, Sigma, achevée en 2023… Les dernières créations de Caroline Monnet sont exposées pour la première fois toutes ensemble avec l’exposition Supernova.
« C’est un peu ma réponse à la covid », commente l’artiste. L’inspiration de la pandémie se retrouve dans le nom des œuvres, avec les lettres grecques « comme les variants du virus », mais aussi leur forme, qui évoque des codes QR, ainsi que la planification urbaine.
Supernova n’est pourtant pas seulement tournée vers le modernisme et les années 2020. Les compositions minimalistes évoquent « la fragmentation des territoires, qu’on achète, qu’on revend, qu’on modifie », détaille Caroline Monnet. Un constat aussi bien valable pour les villes modernes que les terres des Premières Nations, dont l’artiste canadienne-française est originaire par sa mère.
Les motifs sont justement inspirés de symboles traditionnels des Anichinabés, établis dans la partie québécoise d’Algonquin. À première vue, les formes des sérigraphies se ressemblent, pourtant « il n’y a jamais deux fois le même motif ». C’est en regardant de près et individuellement les cadres que les détails et nuances surgissent.
Quant aux couleurs variées, vives et tranchantes, elles doivent transmettre « beaucoup d’énergie et de constellation ». Ainsi, ces abstractions sont une invitation à réfléchir aux traces que nous laissons sur notre environnement et à leurs répercussions sur le long terme. Les impressions d’encre ont été réalisées à la main sur du papier Stonehenge, c’est-à-dire une surface lisse, subtilement marbrée, conçue en matières naturelles et rappelant le papier d’art traditionnel.
Caroline Monnet, dont l’atelier est à Montréal, a déjà exposé une douzaine de fois à Toronto. Certaines de ses œuvres sont visibles au Musée des beaux-arts de l’Ontario et à la galerie Arsenal Contemporary Art.
Cependant, c’est la première fois qu’elle s’affiche à l’Alliance française, à l’origine de l’invitation. « Je rêvais d’exposer dans une Alliance française à mes débuts », raconte-t-elle au micro lors du vernissage. L’exposition se poursuit gratuitement jusqu’au 29 avril, tous les jours sauf le dimanche. Les œuvres peuvent être achetées à l’issue de cette période, par le biais de la galerie Blouin Division.
Issue d’une formation en vidéo, Caroline Monnet a décidé de ne pas choisir avec les arts visuels qui l’ont amenée à s’exporter hors du Canada (Allemagne, France, Pays-Bas, Dubaï, Venise, etc.). Elle est en train de débuter l’écriture de son deuxième long métrage. Elle s’apprête aussi à exposer en septembre à New York. « C’est comme avoir deux boulots à plein temps », sourit-elle.
Photo : L’artiste Caroline Monnet pose à côté de Sigma, la dernière œuvre créée de la série (en 2023) et sa préférée.