« Ce n’est pas chaque année ou même chaque décennie qu’on ouvre une nouvelle université », s’exclame Pierre Ouellette, recteur de l’Université de l’Ontario français (UOF) et l’invité Club canadien de Toronto en ce 23 septembre. Évidemment, il est bien fier de tout le travail de l’équipe, surtout au cours de la période juste avant la rentrée. « J’évolue en Ontario français depuis ma jeunesse. Cette communauté est tatouée sur mon cœur en fait, et faire partie de cette entrée, eh oui, la seule entrée et non rentrée qu’on aura, c’est un moment historique », déclare-t-il, ému.
En fait, quelque 65 000 francophones (en terme inclusif) habitent Toronto, hôte de l’UOF. La métropole est le lieu de résidence de la plus grande communauté de francophones en Ontario.
Dans d’autres régions, telles l’est et le nord, qui possèdent des universités pour les francophones, une différente force habite ces communautés. « L’UOF va contribuer de façon majeure à créer un leadership de langue française dans la région de Toronto, car, à la base, cette université a comme mandat d’être par et pour les francophones, affirme son recteur.
M. Ouellette fait la comparaison avec une petite université émergente au Rwanda qui se range derrière la phrase On n’apprend pas seulement en écoutant les gens parler. « Nous nous engageons à être un membre actif de la communauté et nous voulons sans cesse bâtir des ponts entre la communauté en offrant des programmes hands-on. » explique-t-il,
Une université qui se distingue
L’université se distingue déjà par ses programmes transdisciplinaires, leur signature pédagogique est adaptée aux exigences pluralistes des emplois présentement.
« Ces programmes sont à la fois notre force et notre faiblesse, simplement car c’est une nouveauté et les gens ne savent pas trop à quoi s’attendre », dévoile le recteur. Il assure que l’UOF a beaucoup appris au cours de sa campagne de recrutement l’année dernière afin de développer une formule idéale pour une compréhension optimale de ce qui y est offert.
« Le cycle de recrutement au domestique se bâtit sur plusieurs années. Il faut que l’UOF fasse partie des discussions familiales dès le début du secondaire. C’est une décision et un attachement qui se forment tranquillement avant d’en arriver à une décision en fin de 11e année », explique M. Ouellette.
Il a confiance que peu à peu, tandis que l’UOF se fera plus présente dans la communauté, les élèves seront convaincus du choix intelligent que représente cette institution. Cette année, le cycle de recrutement de l’UOF a été raccourci, car l’approbation des programmes ne s’est faite que très tard en octobre dernier.
Étant donné que l’université a reçu son campus quelques jours avant la rentrée et les professeurs n’étaient pas encore formés pour utiliser le matériel technologique des classes, la rentrée s’est faite à distance. « Nous avons misé sur la qualité de l’enseignement, en étant très soucieux de créer une expérience optimale pour les étudiants », indique M. Ouellette.
En milieu de semestre, les classes basculeront vers le co-modal où, dans le même cours, il pourra y avoir des étudiants en personne et à distance, ainsi que certaines rencontres en personne au cours du semestre.
Rentrée 2021
La rentrée compte 151 étudiants avec des programmes en économie et innovation, en culture numérique et en environnement urbain qui se distinguent en popularité.
Une quinzaine d’étudiants sont inscrits aux micro-certifications. Des 151 étudiants, environ 70 % sont de l’international et 30 % sont du Canada. « Pour les prochaines rentrées, nous voulons bien nous assurer d’égaliser ces chiffres pour s’aligner avec notre mandat du par et pour l’Ontario français », précise le recteur.
Et puis, l’UOF travaille déjà sur la sortie de nouveaux programmes d’études, notamment un baccalauréat en éducation qui adressera la pénurie d’enseignants francophones de la province. « Nous écoutons les commentaires de notre communauté. Les gens veulent des programmes en administration et en santé par exemple, et nous travaillons à les offrir rapidement », affirme M. Ouellette.
Encore une fois, l’UOF veut s’assurer d’offrir du contenu qui répond à un besoin et qui est basé dans l’application des connaissances. « C’est bien de savoir quelque chose, mais si on ne sait pas comment l’utiliser, ça sert à quoi? », demande le recteur.
Il est aussi favorable au présentiel. « La COVID nous a montré qu’être en ligne c’est possible, mais cela a quand même ses limites. Il manque l’intangible qui se manifeste quand on partage des lieux de travail », explique-t-il.
En effet, les francophones et les francophiles ont besoin de lieux concrets où se rassembler aussi. « La démotivation et le décrochage sont deux enjeux que nous voulons adresser dès les débuts », précise-t-il. Il a hâte d’accueillir étudiants, professeurs et employés sur le site incroyable du campus au centre-ville de Toronto.
L’UOF s’efforce aussi de travailler en partenariat avec les autres universités. « Nous ne voulons pas faire de tort à nos partenaires en éducation en français. C’est avec notre communauté que nous bâtirons une tradition universitaire en français à Toronto », conclut M. Ouellette.
PHOTO – Pierre Ouellette, recteur de l’Université de l’Ontario français