Le Métropolitain

L’art de faire des cadeaux

Le guru spirituel Svâmi Prajnânpad de l’Inde dirait : « Il n’y a pas d’action de donner sans l’action de recevoir ». De là vient le bonheur de donner un cadeau à un proche. Mais comment maximiser ce bonheur pour les deux parties? Après tout, bon nombre de personnes ont déjà eu l’expérience d’un cadeau plus ou moins intéressant ou pire encore un cadeau « empoisonné ».

En fait, offrir un cadeau ne requiert pas nécessairement d’achat. Il est possible de simplement offrir sa reconnaissance envers son entourage. Mais cette reconnaissance doit être continue, soutenue et surtout visible avec des mots ou des gestes concrets. C’est la répétition de ces actes de reconnaissance envers l’autre qui renforce la valeur de cette offrande et, bien sûr, la relation interpersonnelle. Se sentir vu, entendu et apprécié, ça n’a pas de prix.

Avec les cadeaux physiques, l’importance c’est de penser à l’autre en premier pour trouver un cadeau fait sur mesure. Il faut prendre en compte les plaisirs de l’autre. De cette façon, en plus de recevoir quelque chose qui lui fait plaisir, le bénéficiaire recevra aussi une affirmation qu’il est compris et respecté.

Pour se faciliter la tâche autour de cette idée, le donneur doit effacer toutes attentes de la transaction. Oublier la réaction attendue, oublier le désir d’une invitation à participer. N’avoir aucune attente concernant le déroulement de la suite des choses permet aux deux parties de franchement apprécier le geste et d’en tirer bonheur.

Cette idéologie envers une offrande ou un don est différente de celle que l’on retrouve au sein de la culture canadienne. Selon la psychologue Maryse Vaillant, donner, c’est prendre, car l’acte de donner remet le bénéficiaire en position de dette. En suivant l’ordre de la société, il devra payer sa dette et à son tour faire un don. Aussi bien s’assurer du bienfait réel de l’offrande alors.

Et pourquoi un cadeau raté fait tant mal, étant donné que le donneur, selon sa propre compréhension, cherche à répondre aux goûts et intérêts du bénéficiaire. Dès qu’il ne réussit pas, le donneur révèle à quel point il n’a pas mis beaucoup d’effort, ou à quel point il connaît mal la personne. C’est un sentiment similaire à celui d’une trahison.

Surtout, il faut s’éloigner des cadeaux empoisonnés. Ceux qui sont si grandioses qu’il est impossible d’en retourner la valeur ou encore ceux auxquels se rattachent plus de responsabilité ou de déboursements non planifiés de la part du receveur. Le cadeau ne devrait pas apporter de stress ou de nouvelles contraintes.

Autre aspect à analyser avant de choisir un cadeau est la raison qui se cache derrière. Est-ce pour rendre l’autre heureux ou bien renforcir la relation?

Pour le bonheur, les experts suggèrent le cadeau d’une expérience. L’endorphine est plus réceptive à une expérience qu’un truc physique. Pour renforcir une relation, ils suggèrent le contraire. Un objet significatif aidera le bénéficiaire à se souvenir d’un moment. Étonnamment, les objets de plus petite valeur, mais très personnalisés apparaissent plus sincères et démontrent plus d’affection qu’un cadeau extravagant.

Toujours perdu? L’argent comptant, soit en carte cadeau ou en billets est une excellente piste. Les donneurs ont tendance à penser que c’est impersonnel et nul, mais en fait, étude après étude, les gens préfèrent toujours l’argent comptant. Donc en vérité, les donneurs sont snobs envers l’argent de poche tandis que les bénéficiaires en sont ravis. De retour à la question, pour qui est le cadeau alors?

SOURCE – Élodie Dorsel

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