Le Club canadien de Toronto tenait son déjeuner d’affaires dans le cadre de la Semaine de la francophonie le 22 mars dernier. Les membres et leurs invités ont pu entendre l’allocution de Matthieu Arseneau, directeur Économie et Stratégie, économiste principal de la Financière Banque Nationale sur le thème : l’économie canadienne confondra-t-elle de nouveau les sceptiques?

Comme l’explique d’entrée de jeu M. Arseneau, l’évolution des marchés financiers des derniers mois indique que les investisseurs sont inquiets quant à la situation de l’économie mondiale. Chargé de la rédaction de divers documents sur l’économie et les marchés financiers,  il contribue à l’élaboration des scénarios de prévision. Avant de se joindre à l’équipe Économie et Stratégie, il a travaillé en gestion des risques à la Banque Nationale où il a notamment été en charge d’analyser les différentes industries au Canada et de développer des outils quantitatifs pour la modélisation des risques.

« La dernière fois que les marchés boursiers ont été si nerveux remonte à 2011, explique le conférencier. Dans le monde, les économies émergentes préoccupent, surtout ce qui se passe en Chine. L’économie chinoise est en décélération et les Chinois changent présentement le modèle économique qui était traditionnellement très polluant en économie de services. Ils sont encore en mode rattrapage et le cuivre, le pétrole et le fer sont toujours très en demande. Mais le pays possède une marge de manœuvre considérable pour emprunter et investir. »

Pour les États-Unis, M. Arseneau considère que la détérioration des conditions financières a freiné la Réserve fédérale (Fed). « Les taux risquent d’être bas longtemps et l’inflation salariale reste très faible, démontre l’économiste avec chiffres à l’appui. La proportion des travailleurs de 55 ans et plus est en forte croissance et le consommateur est au centre de cette croissance avec des prix de l’essence à la pompe qui dopent la consommation. Les ménages ont bien recommencé à emprunter ce qui laisse croire à une croissance de près de 2 % cette année. Le secteur immobilier devrait afficher une bonne croissance au cours des prochains trimestres. »

Dans quelle mesure ce contexte affecte-t-il l’économie canadienne qui a tant bénéficié ces dernières années de la vigueur des cours des ressources naturelles? « Il existe une certaine morosité de l’économie au Canada, poursuit Matthieu Arseneau. Est-ce que ce sont les piètres performances financières ou celles des équipes sportives qui sont responsables? Pourtant, les emplois à plein temps atteignent des niveaux record dans les trois provinces les plus populeuses du pays. Nous avons vécu une baisse historique du dollar canadien et les exportations n’ont jamais été aussi nombreuses. En supposant un déficit de 18 milliards $ 

cette année pour le Canada (projection effectuée avant le dépôt du budget du 23 mars), il s’agit d’une situation financière enviable pour les autres pays. On s’attend à ce que le gouvernement fédéral ramène les dépenses, après les investissements prévus dans les infrastructures, au niveau qu’on a connu au cours des dix dernières années. Le Canada possède tout de même la position financière la plus solide des pays du G7. » Voilà qui rassurera bien des gens d’affaires présents à cette conférence. 

 

Photo: Matthieu Arseneau, économiste principal de la Financière Banque Nationale, était l’invité du Club canadien.