Le Métropolitain

La pièce Hortense a dit : « Je m’en fous » illumine le Théâtre Étienne-Brûlé

Que l’on soit ou non amateur de comédies, force est de constater que la prestation de la troupe du Théâtre Étienne-Brûlé valait le déplacement. Le vendredi 2 mai a eu lieu, à l’école secondaire du même nom, la représentation de Hortense a dit : « Je m’en fous ».

Une douzaine de jeunes comédiens se sont donc succédé sur les planches afin de reproduire la pièce de Georges Feydeau, célèbre dramaturge français du XIXe siècle. C’est sous la direction de l’enseignant et metteur en scène Luc Bernier que tous ont pu donner un spectacle de cette qualité. En 18 ans de carrière, c’est la première fois que ce dernier produit cet auteur, qu’il avoue apprécier particulièrement. Considéré par beaucoup comme l’un des plus grands auteurs dramatiques français, non loin du célèbre Molière, ses travaux ne furent pas enterrés avec lui dans le cimetière Montmartre. 

L’œuvre en elle-même date de 1916, année où elle fut jouée pour la première fois au Palais Royal de Paris. L’une de ses particularités, c’est qu’elle ne comporte qu’un seul acte, un défi d’autant plus stimulant pour les jeunes qui ont dû déployer tout leur talent et leur endurance pour faire illusion auprès du public. Dernière création de l’écrivain et concluant les cinq œuvres du cycle des farces conjugales, cette pièce représente en quelque sorte l’apogée de son génie créatif.

La trame? Hortense, la bonne du dentiste Follbraguet, a osé dire « Je m’en fous » à Marcelle, l’épouse de ce dernier. Mme Follbraguet débarque alors dans le cabinet de son mari, furieuse, et exige que l’employée soit renvoyée pour son insolence. S’ensuit alors un véritable vaudeville qui va amener l’innocent dentiste à se battre en duel avec le fiancé d’Hortense, qui croit avoir affaire à l’amant de sa bien-aimée. Quarante-cinq minutes de drôleries en tout genre qui ne peuvent laisser indifférent.

Afin de préparer l’audience à cette explosion comique, une première partie est venue mettre les spectateurs en condition durant une vingtaine de minutes. Il s’agit d’Amour et Piano, une autre pièce de Georges Feydeau, où la confusion est de nouveau au rendez-vous puisqu’elle traite de la rencontre entre une jeune femme qui pense avoir affaire à son nouveau professeur de piano, tandis que le jeune homme croit être en présence d’une actrice aux mœurs légères. Il s’agit là de l’un des thèmes favoris du dramaturge, qui traite des relations homme-femme avec aisance.

Un thème d’autant plus difficile pour les jeunes acteurs qui doivent se fondre dans des rôles taillés pour des adultes. Le plus beau, c’est qu’on y croit. Luc Bernier commente la performance quelques minutes après la fin du spectacle : « Je suis ému, c’était un vrai défi et la mission est accomplie. Le mélange arts visuels et musique, c’est très beau, dit-il en faisant référence à l’orchestre, présent pour assurer les transitions et qui a joué son rôle à merveille. Le public a très bien répondu et la salle était pleine, probablement aussi grâce à la pluie », conclut-il avec humour.

Lorsque le rideau tombe et que les jeunes acteurs s’en vont à la rencontre de leur public, ils ne peuvent contenir leurs larmes. « C’était ma première pièce de théâtre, une expérience inoubliable, avoue Bilal Timani, tremblottant d’émotion. Je vais la garder dans mon cœur. » Il faut dire que pour un premier jet, le jeune homme a de quoi être fier : fluidité, assurance et talent comique incontestable. Une combinaison gagnante et qui s’applique à la majeure partie des participants. Marcsy Thobor ne peut également contenir sa joie : « Je suis heureuse, il n’y a pas de mot pour décrire ce succès. Le théâtre, je veux continuer. », déclare-t-elle, en conservant cette énergie qui l’a fait briller sur scène. Que dire de l’interprétation du docteur Follbraguet par Marcley Lauture sinon qu’elle fut magistrale, tout comme celle d’Hortense par Noelie K. Mutombo. Une justesse impressionnante qui s’applique également à Félicitée Atoutsei, Eric Vanhauwaert, Djamil Mbaé Ahamada, Isabel Gelfand, Marie Foolchand et Lacina Traoré. Une équipe composée d’élèves triés sur le volet, qui ont tous sans exception la comédie dans le sang. 

Que ce soit les décors, réalisés par Julie-Nadia Rancourt avec ses élèves d’art visuel et assemblés par Charles Sanders, les costumes de Karina Pelletier, le maquillage de Kim Letendre et toute la technique mise en place par Arian Monavvari, Vlad Cojanu, William Rogers et Massimo Albanese, toutes les conditions étaient réunies pour que le public se plonge dans cet univers, sans douter une seule seconde de son authenticité.

Une performance qui prouve que le théâtre français est bien vivant, et parvient toujours à inspirer de nouvelles générations de comédiens.

Photo : Courtoisie du TEB

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