Olivia Chow est sur le point de diriger une ville qui fait face à des défis de taille, notamment un énorme déficit budgétaire et des problèmes d’abordabilité généralisés, mais elle ne prévoit pas de donner de grands coups de barre lors de sa première série de réunions en tant que mairesse élue de Toronto.
La progressiste de 66 ans amorcera son mandat le 12 juillet, après deux semaines de discussions et de rencontres avec les hauts responsables de la Ville. Lorsqu’on lui a demandé si elle apporterait un message spécifique à ces réunions, Mme Chow a répondu « pas encore ».
« Je ne vais pas supposer que je sais. Parce que je ne sais pas », a-t-elle déclaré la semaine dernière à La Presse canadienne depuis son bureau de transition à l’hôtel de ville.
Mme Chow, qui est aussi devenue la première personne racisée élue pour diriger l’Hôtel de ville de Toronto, a déclaré qu’elle allait passer du temps à écouter.
L’ancienne députée néo-démocrate fédérale et ex-conseillère municipale de Toronto a battu, le lundi 26 juin, 101 autres candidats lors de cette élection partielle à la mairie, une victoire qui marque un point culminant après des décennies d’implication en politique.
Ses critiques ont souligné qu’elle n’avait pas fait de promesses concrètes pendant sa campagne. Mais Mme Chow soutient qu’elle a mis l’accent sur un message large de « changements à Toronto » – s’engageant à rendre la métropole canadienne plus abordable et plus bienveillante, en particulier pour les plus vulnérables.
On lui demande maintenant avec quelle rapidité elle pourra procéder. « Le changement peut prendre de nombreuses formes, a répondu Mme Chow cette semaine. L’écoute et la collaboration sont une manière différente de gouverner. Et cela, en soi, constitue un changement. »
Profiter de l’élan
La nouvelle mairesse voudra traduire l’élan de son élection en victoires politiques rapides, a estimé Zac Spicer, professeur agrégé de politiques publiques à l’Université York.
Elle a surtout fait campagne sur la promesse que le gouvernement municipal agisse à nouveau en tant que promoteur de logements sociaux, s’engageant à construire 25 000 logements à loyer contrôlé sur des terrains de la Ville au cours des huit prochaines années.
« Les maires ont cette fenêtre d’opportunité où ils peuvent faire adopter rapidement les principaux éléments de leur campagne, a déclaré le professeur Spicer, notant que les conseillers municipaux pourraient respecter les promesses de cette mairesse immédiatement après ce scrutin mené à l’échelle de toute la ville. « Je pense que son équipe sera assez avisée politiquement pour battre le fer pendant qu’il est chaud. »
Mais Mme Chow a reconnu qu’il ne sera pas facile de redonner à la Ville la responsabilité du développement du logement social. « Quand une institution arrête de faire quelque chose pendant aussi longtemps, les connaissances institutionnelles ne sont plus là », a-t-elle prévenu.
Un déficit d’un milliard
Dès son premier jour dans son nouveau bureau de transition, la mairesse a parlé au téléphone avec Justin Trudeau. Le premier ministre, s’adressant aux journalistes à Mississauga, le 28 juin, a déclaré qu’il était « vraiment ravi d’avoir une progressiste forte comme mairesse ».
En ce qui concerne l’un des défis les plus urgents auxquels est confronté le mandat de Mme Chow – le déficit budgétaire de près d’un milliard de dollars de la ville – , M. Trudeau a laissé entendre qu’Ottawa ne serait pas là pour aider. « Les provinces doivent intervenir maintenant pour soutenir les villes, qui relèvent de leur compétence », a-t-il rappelé.
Mme Chow devra également répondre aux préoccupations de sécurité publique dans la métropole, à l’augmentation de l’itinérance et au vieillissement des infrastructures municipales. Elle devra aussi rencontrer des conseillers municipaux dont plusieurs ont appuyé ses adversaires lors de l’élection partielle à la mairie.
« Je veux en savoir plus sur leurs passions et sur le genre d’expériences qu’ils ont vécues. Et écoutez, simplement, a-t-elle dit. Je pense que c’est important de le faire. »
Source : Jordan Omstead -La Presse canadienne
Photo: Olivia Chow