Le Métropolitain

« La liberté de rire de tout au risque de mourir de rire »

ration des attaques terroristes des 7, 8 et 9 janvier en France, le consulat général de France à Toronto a présenté, le vendredi 8 janvier à l’Alliance Française, le documentaire L’Humour à mort.

Le 7 janvier, le journal satirique Charlie Hebdo est attaqué pour avoir publié des caricatures du prophète Mahomet. Douze personnes y trouveront la mort, dont Bernard Maris, Tignous, Charb, Cabu, Wolinski et Honoré, figures emblématiques de la revue. Le 8 janvier, une policière est tuée dans l’exercice de ses fonctions. Le 9 janvier, c’est une prise d’otages à l’Hyper Cacher de Vincennes qui fera quatre morts. 

Après ces attaques, quatre millions de Français sont descendus dans la rue. Ils étaient plus de deux millions à Paris, du jamais vu depuis la Libération. Avec ce même slogan, « Je suis Charlie », la revue était devenue l’emblème d’une nation et de la liberté d’expression. 

L’Humour à mort rend hommage aux disparus tout en soulevant des questions. Qu’en est-il du « vivre ensemble »? Qu’en est-il de la liberté d’expression?

La projection était suivie d’un débat animé par le consul général de France à Toronto et avait pour invités Brian Gable et David Parkins, deux illustrateurs du quotidien The Globe and Mail, ainsi que deux professeurs de l’Université de Toronto, Paul Cohen, directeur du centre d’études de France et du monde francophone, et Ron Levi, directeur des études sur la paix et les conflits.

Les illustrateurs reviendront sur leur propre expérience, notant que les caricatures se font plus sages au fil du temps. Il faut rappeler que si Charlie Hebdo avait demandé aux journaux français de publier à leur tour les caricatures controversées, un seul d’entre eux l’avait fait. Est-ce le fait de la censure ou de l’autocensure? Un peu des deux, les journaux ne voulant pas se mettre en première ligne – cela même avant les attaques du 7 janvier. 

Dans le contexte de l’après-Charlie Hebdo, la question que se posent les médias sera celle guidée par la « peur » : est-ce que je suis prêt à mettre ma vie et celle de mon équipe en péril pour la liberté d’expression?

Le second aspect relevé par Paul Cohen et Ron Levi est la réaction populaire française. On assiste, place de la République, à un moment important pour la société française. Le slogan « Je suis Charlie » devient une image. « Je suis Charlie » veut aussi dire « Je suis flic », « Je suis Juif ». Il célèbre le multiculturalisme de cette société. 

En se rassemblant par millions, les Français témoignent d’un désir de protéger la vision d’une société, mais paradoxalement expriment également une inquiétude pour le futur, un mal-être du « vivre ensemble ». 

« Je suis Charlie s’est transformé en : comment allons-nous vivre ensemble? », explique Ron Levi. Les débats, qui suivront les attaques terroristes avec le non-respect de la minute de silence par certains élèves et le « Je ne suis pas Charlie », montrent que la « fraternité » de la devise française est remise en cause. 

 

Photo:  Ron Levi, professeur à l’Université de Toronto, David Parkins, illustrateur au Globe and Mail,et Marc Trouyet, consul général de France à Toronto

 

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