La Fédération des aînés et des retraités francophones de l’Ontario (FARFO) conviait ses membres, le mercredi 3 février, à participer à une causerie animée par Joanne C. Carrière de l’organisme Prévention de la maltraitance des personnes âgées. Le sujet? La prévention de la fraude.
C’est une perception communément partagée, tant par la population en général que par les fraudeurs en particulier, que les aînés sont plus susceptibles d’être manipulés et arnaqués. Or, interrogés à ce sujet par Mme Carrière, les participants se sont montrés partagés et se disaient davantage préoccupés pour les autres que pour eux-mêmes. Il faut dire que de grands efforts ont été faits au cours des dernières années pour les sensibiliser aux risques d’exploitation financière.
Malgré tout, les fraudeurs persistent à tout tenter pour soutirer de l’argent à la population. Certaines tactiques sont devenues des « classiques » tels que les appels téléphoniques de quelqu’un qui se fait passer pour un parent ou un ami ayant un besoin pressant d’argent.
Lorsque l’on reçoit pareil coup de fil, il ne faut pas hésiter à poser des questions pour s’assurer de l’identité de la personne ou, mieux encore, à raccrocher et à téléphoner ensuite ce parent ou ami ou quiconque qui puisse confirmer la véracité de cette histoire.
Autre arnaque très connue et qui, alors que chacun s’attellera bientôt à faire sa déclaration de revenus, ne manquera pas de faire sonner le téléphone de bien du monde : les soi-disant appels de l’Agence du revenu laissant planer la menace de poursuites judiciaires. « N’est-ce pas intimidant pour quelqu’un qui demeure seul, qui est isolé? », a commenté Mme Carrière.
Non contents de se faire passer pour un parent ou pour le gouvernement, les criminels n’hésitent pas non plus à se faire passer pour un amoureux. En effet, les escrocs ne sont pas rares sur les sites Web de rencontres : après s’être attiré les bons sentiments de leur victime, ils se livrent bien vite au chantage émotif pour soutirer de l’argent.
Si certains fraudeurs ratissent large en contactant des centaines de personnes, d’autres ont une approche plus ciblée. Il est relativement facile de dénicher une multitude de renseignements personnels sur internet qui peuvent permettre à une personne malintentionnée de procéder à un vol d’identité ou à une manipulation plus efficace d’une victime.
Ainsi, un compte Facebook donnera accès à bien des renseignements qui semblent anodins : le nom de son utilisateur, celui de ses enfants, son emploi, etc. Les informations peuvent parfois être obtenues en lisant les messages laissés par les visiteurs : par exemple, un souhait de bon anniversaire révélera une date de naissance.
Le fraudeur pourra ensuite investiguer plus en détail sa victime par l’entremise d’autres sites Web. Canada411 en est un bon exemple : il s’agit d’un annuaire en ligne où sont recensés l’adresse et le numéro de téléphone d’une multitude de personnes.
Cumuler les informations sur quelqu’un n’est donc pas sorcier. « Je ne suis pas experte, mais je peux vous dire que ça ne prend qu’un petit travail de 10 ou 15 minutes. C’est aussi simple que ça », estime Joanne C. Carrière. Raison de plus pour redoubler de prudence avec ce que l’on partage en ligne.
Les participants à la rencontre avaient quelques anecdotes à partager pour illustrer la diversité des méthodes utilisées par les escrocs : piratage informatique, vol de points sur une carte-fidélité, appels incessants relatifs à un prix censé avoir été gagné, etc.
Parfois, les fraudeurs se font passer pour des employés de banque ou de compagnies de cartes de crédit prétendant prévenir la victime d’une utilisation illégale de leur carte. Prétextant avoir besoin de quelques renseignements pour bloquer la transaction non autorisée, le fraudeur va demander à sa victime de lui fournir des données qui lui permettront ensuite de détourner des fonds.
Une participante a raconté avoir reçu un coup de téléphone de ce genre tôt le matin, à une heure ou bien des gens, à peine réveillés, ne sont pas encore tout à fait alertes et par conséquent plus vulnérables à ce genre de pression psychologique.
Ce sont des dizaines de milliers de fraudes qui se commettent chaque année au Canada pour une valeur totalisant plusieurs dizaines de millions de dollars. Il s’agit donc d’une « industrie » très lucrative qui a plus d’un tour dans son sac et contre laquelle la population, tous âges confondus, doit se prémunir.
PHOTO – Joanne C. Carrière