La Société d’histoire de Toronto, en partenariat avec l’Alliance française, a eu le plaisir d’accueillir le musicien et ethnologue Marcel Bénéteau, professeur agrégé retraité du Département de folklore et d’ethnologie de l’Amérique française à l’Université de Sudbury, pour une conférence sur la chanson traditionnelle francophone au cœur de l’Amérique. Le folkloriste a entre autres catalogué plus de 2000 versions de chansons francophones de la région du Détroit, en parlant du détroit du lac Érié, fondée en 1701 par les Français.
Marcel Bénéteau entama sa conférence par une chanson a capella, avant d’expliquer au public que lorsqu’il visitait les communautés du Détroit, il demandait à ce qu’on lui chante les airs d’antan et, ne voulant pas que ces trésors ne vieillissent que dans les archives, a décidé de les enregistrer. Il est à noter que son répertoire est français, et non d’origine canadienne-française, puisque les colons fredonnaient des airs qu’ils avaient ramenés de France. Chaque région a ensuite transmis son répertoire à sa façon et avec le vocabulaire régional, les parlers traditionnels étant très présents dans les paroles. M. Bénéteau s’assure d’ailleurs de toujours les chanter dans la langue des lieux où il les a apprises.
S’en est suivi plusieurs chansons dont Les filles de Sandwich, Les Maskoutains, Le retour du mari soldat pour les noces et La bergère muette. Bien que M. Bénéteau les chante avec sa guitare, son harmonica et son accordéon, elles étaient plutôt chantées a capella à l’époque. « Les chansons, c’est pour chanter, le violon, c’est pour danser! »,
disait Richard Bastien, cet homme qui lui a appris ses premières chansons du Détroit. Ces chansons à répondre animaient autant les fêtes que les camps de bûcherons ou encore permettaient de garder le rythme en canot.
Elles racontent souvent des histoires : « C’est comme une bibliothèque, ça parle de tous les aspects de la vie […] Il y avait une chanson pour toutes les occasions », explique M. Bénéteau. Elles sont narratives et parlent d’isolement, de nostalgie, d’éloignement, de la tristesse d’un départ pour la guerre ou encore peignent un portrait peu reluisant du mariage, souvent avec humour.
« C’est la vie d’un garçon / C’est la vie la plus belle / À boire et à chanter / Jamais s’y marier / Car le mariage / C’est une vie d’esclavage / Nourrir famille et enfants / Grand Dieu qu’il est gourmand »!
Photo: Marcel Bénéteau à l’Alliance française