Le Métropolitain

La Belle Époque ou l’art de la jouissance

Keith Bresnahan, professeur à l’OCAD, a donné une conférence à l’Alliance française intitulée Un art de la jouissance? Spectacle et consommation dans le Paris de La Belle Époque.

La Belle Époque, période comprise entre les années 1880 et 1914, incarne une notion de plaisir et de jouissance et les Français en sont les rois, selon le conférencier. À cette époque, les Français, qui travaillant six jours par semaine et plus de 14 heures par jour, arrivaient quant même à s’amuser.

« Les Français buvaient plus que jamais. En 1900, on comptait environ 27 000 cafés-bars en France », révèle M. Bresnahan. C’est aussi le début de la consommation de masse avec des lithographies – qu’on appellerait aujourd’hui des affiches publicitaires – représentant « la femme moderne, émancipée sexuellement ». Les plus connues étaient réalisées par Jules Chéret qui mettait en valeur une femme aux cheveux roux. Les couleurs sont flamboyantes; le visuel est accrocheur et donne envie aux Parisiens de consommer.

Entre 1893 et 1914, les recettes de différentes salles de spectacle ont plus que doublé alors que la population n’a augmenté que de 20 %, un signe que « l’entertainment parisien » était en plein essor et que la popularité des cabarets était grandissante. L’art est aussi accessible à tout le monde même aux classes populaires. Pour la somme de 2 francs, un prix assez élevé pour un travailleur non qualifié qui ne gagnait que 3 francs par jour, il était possible d’aller à La Folie Bergère et d’y passer une soirée « féérique », ou encore à l’opéra où le prix d’entrée était de 2 francs.

C’est aussi à ce moment-là que les cinémas font leur apparition et que le prix de « la jouissance » diminue encore, vu que c’est moins cher que d’aller dans un cabaret.

Les grands magasins firent également leur apparition : La Samaritaine, les Galeries Lafayette, Le Printemps.

Dans son roman Au bonheur des dames, Émile Zola en parle avec passion. Les femmes avaient un endroit bien à elles pour faire leur emplettes, un lieu où les marchandises étaient mises en valeur afin d’accroître la consommation.

Aujourd’hui, que reste-t-il de la jouissance et du plaisir de La Belle Époque? Et bien pas grand-chose. Malgré le fait que les Français aient plus de temps pour s’adonner aux loisirs, ne travaillant selon un mythe que 35 heures par semaine, le conservatisme a pris le pas sur la jouissance. Les grands magasins et les cabarets tel Le Moulin rouge existent toujours, mais n’ont plus la même fonction. Les temps ont donc bien changé.

PHOTO: Keith Bresnahan

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