OTTAWA- L’astronaute Julie Payette accepte avec « grande humilité » et « très grand honneur » le poste de gouverneur général du Canada, un rôle qui lui offre une « incroyable occasion » de servir le Canada une deuxième fois, après l’avoir fait dans l’espace.
« Je suis ici au service des Canadiens. J’y mettrai tout mon enthousiasme, toute mon énergie », a-t-elle lancé, visiblement émue, en conférence de presse avec le premier ministre Justin Trudeau dans le foyer du Sénat, le jeudi après-midi 13 juillet.
La Québécoise âgée de 53 ans a tenu à exprimer sa « sincère gratitude » à celui qui a choisi de lui confier les commandes de Rideau Hall ainsi qu’à la reine Elizabeth II, qui a approuvé la nomination lui ayant été recommandée.
Le premier ministre Trudeau avait profité de son audience avec la monarque britannique à Édimbourg, la semaine passée, pour lui parler de cette candidate « incontestablement qualifiée » pour être sa représentante au Canada.
« Je sais qu’elle sera une excellente gouverneure générale. J’attendrai avec impatience la cérémonie qui soulignera son installation cet automne », a-t-il affirmé jeudi dernier, vantant la brillante carrière de celle qui incarne à merveille les valeurs canadiennes en sachant « rêver grand ».
Londres a avalisé la désignation. « Sa Majesté la reine, sur recommandation du premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a approuvé la nomination de Julie Payette comme prochaine gouverneure générale du Canada », a signalé jeudi dernier dans un communiqué le palais de Buckingham.
Quant à l’actuel titulaire du poste, David Johnston, il a salué celle qui deviendra en septembre la 29e gouverneure générale du Canada, et la quatrième femme à s’installer à Rideau Hall, après Michaëlle Jean, Adrienne Clarkson et Jeanne Sauvé.
« Mme Payette est l’une des citoyennes les plus remarquables et accomplies du Canada », a-t-il déclaré par voie de communiqué, se disant « convaincu qu’elle s’acquittera de son rôle avec intelligence, dignité et dynamisme ».
La gouverneure générale désignée a signalé que la promotion d’une « société du savoir » figurerait parmi ses priorités, tout en plaidant qu’il fallait tout de même lui laisser « une petite chance d’arriver en poste » avant de réclamer une vision plus détaillée de sa mission.
Il est cependant « clair que je suis une personne qui croit fondamentalement en les faits, l’évidence, les données, la science, qui elle, supporte la prise de décision et qui nous permet de fonctionner dans la société », a exposé Mme Payette.
La future chef d’État du Canada a reconnu qu’il lui faudrait faire ses devoirs pour être bien au fait des importantes responsabilités constitutionnelles qui viennent avec le rôle symbolique du représentant de la reine au pays.
« Je vais m’atteler à la tâche. Avec un petit peu de travail, d’énergie et en allant chercher les connaissances, je devrais pouvoir me débrouiller, je l’espère bien », a-t-elle offert, réitérant qu’elle approchait cette « grande aventure » avec une « grande humilité ».
La nomination de Julie Payette, qui respecte la tradition d’alternance entre francophones et anglophones en vigueur depuis les années 1950, a été unanimement saluée par les leaders des principaux partis d’opposition en Chambre.
« Mme Payette est bien placée pour jouer un rôle de leadership comme prochaine gouverneure générale du Canada », et elle aura « la pleine confiance de notre caucus conservateur », a souligné dans une déclaration écrite le chef conservateur Andrew Scheer.
Le chef néo-démocrate Thomas Mulcair a pour sa part qualifié de « génial » le choix de Mme Payette. En revanche, il a dit regretter que les clés de Rideau Hall n’aient pas été remises, pour la première fois de l’histoire du Canada, à un Autochtone.
Misant sur la détermination de Justin Trudeau à rebâtir la relation de nation à nation avec les peuples autochtones, celle qu’il qualifie régulièrement de « plus importante » pour son gouvernement, certains espéraient que le premier ministre pose un tel geste historique.
En conférence de presse, il n’a pas voulu préciser si un Autochtone était en lice pour le poste de gouverneur général. Il a cependant plaidé que la responsabilité de travailler à la réconciliation incombait à tous – incluant à celle sur qui il a finalement jeté son dévolu.
« Comme ça a été dit bien souvent, la réconciliation, ce n’est pas juste une affaire entre les Autochtones et le gouvernement. C’est une chose qui doit impliquer les non-Autochtones à travers le pays aussi, a fait valoir le premier ministre. Et je sais que dans sa vision d’inclusivité (…) Mme Payette va être dévouée à la cause de la réconciliation. »
Mélanie Marquis
Source : La Presse canadienne
Photo (CSA) : L’astronaute québécoise Julie Payette.