Le Métropolitain

« Jouer du violon pendant que Rome brûle » : une conférence sur les intellectuels publics et l’avenir du Canada

La conférence intitulée Jouer du violon pendant que Rome brûle, qui a eu lieu le jeudi 23 octobre au Collège universitaire Glendon, avait pour but d’informer et de questionner le public sur les intellectuels publics et l’avenir du Canada. 

Plusieurs thèmes étaient prévus avec différents panels : 

le premier s’orientait sur « la prochaine génération d’intellectuels au Canada », le second sur « les intellectuels publics, les universités et les laboratoires d’idées » et le dernier débat était consacré aux « intellectuels publics, le secteur bénévole et l’État ». 

Deux journalistes qui devaient participer à l’ultime débat sur « les intellectuels et les médias » n’ont pas pu se déplacer suite aux évènements qui se sont passés à Ottawa la semaine dernière. 

La conférence démarre par le discours d’ouverture du professeur Joseph Heath de l’Université de Toronto. Il explique qu’il n’y aurait pas vraiment de formation particulière pour devenir intellectuel à son sens, par exemple « les journalistes peuvent être des intellectuels » mais « les intellectuels ne se trouvent pas forcément à l’université ».

Il y a différentes catégories d’intellectuels mais ils ont tous en commun de faire « beaucoup de recherches » et « apportent quelque chose en plus ». Enfin, M. Heath dénonce le fait que les intellectuels ne sont pas utilisés à bon escient au Canada et, pour remédier à ce problème, il demande aux intellectuels de se remettre en question sur les points suivants : « d’abord pensez à qui va vous remplacer », ensuite « quand vous refusez une invitation à un débat, suggérez quelqu’un d’autre », enfin « il est primordial d’embaucher des intellectuels canadiens dans l’éducation ». 

S’ensuit le débat, très animé, sur « les intellectuels publics, les universités et les Think Tanks » avec un panel d’orateurs de qualité dont faisaient partie Tom Flanagan, Danielle Martin, Armine Yalnizyan et Paul Saurette. La question de l’université est abordée avec le professeur Tom Flanagan qui montre comment elle forme des intellectuels et que c’est en « lisant beaucoup de travail d’autres personnes », au travers de « l’apprentissage » et en se détachant « de son opinion personnelle » que l’on élargit son domaine d’expertise. Il montre que l’on retrouve les intellectuels un peu partout, dans les Think Tanks, au service de politiciens, et qu’ « ils ne dominent pas l’opinion publique, mais l’aident ». Pour sa part, Danielle Martin parle du problème des intellectuels dans son domaine (la santé), qui bien souvent sont influencés par le système dans lequel ils travaillent. Armine Yalnizyan achève le débat en abordant la question sensible de l’indépendance des Think Tanks quant à leur financement.

La dernière conférence s’orientait sur le thème des « intellectuels publics, le secteur bénévole et l’État ». Hilary Pearson, présidente de la Fondation philanthropique du Canada, regrette que le bénévolat soit catégorisé comme un secteur alors que, selon elle, « le volontariat a un rôle à jouer dans le débat des politiques publiques ». Elle dénonce le manque d’intérêt et de soutien du gouvernement à ce sujet. Puis le professeur Marc Lesage définit en français ce qu’est un intellectuel, une personne qui « a des valeurs », et dont le lieu de référence est « sa conscience ». Il explique que c’est un être « qui n’existe que par sa pensée » et qui se différencie des « experts », « figures rassurantes » formées par l’université. Pour terminer ce débat, Morris Rosenberg, président de la Fondation Trudeau, parle du rôle des médias en général et de leur difficulté à raconter une histoire sans la dramatiser.

Pour clore cette journée riche en discussions animées, Alex Himelfarb, directeur de l’École des affaires publiques et internationales à Glendon, souhaite voir plus de « diversité dans le discours public » et rassure l’assistance en déclarant : « Ne vous inquiétez pas trop, il nous reste les médias sociaux! ». Une conférence de qualité, qui amène de nouvelles problématiques quant à l’avenir des intellectuels et du Canada face aux défis de notre ère et des réseaux sociaux. 

Photo : Panel sur le thème des intellectuels publics avec Hillary Pearson, Peter MacLeod, Marc Lesage et Morris Rosenberg

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