Le Métropolitain

Génération sandwich : une réflexion de la réalité d’aujourd’hui

En ces temps difficiles, tels les êtres confinés, les sorties littéraires se montrent au compte-gouttes. Alors, lorsqu’on tombe sur l’une d’elles, on la décortique. La dernière en date est signée Hélène Koscielniak. Il s’agit du roman Génération sandwich qui traite d’un phénomène qui concerne un grand pan de la population canadienne. Interview.

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Vous avez traité dans votre roman un sujet qui concerne beaucoup de Canadiens, d’ailleurs, on peut y lire en guise de préface qu’« un nouveau sondage laisse entendre que plus de la moitié des Canadiens âgés de 45 à 64 ans appartiennent à « une génération sandwich » qui se sent coincée entre les exigences des soins à prodiguer à leurs parents vieillissants et à leurs propres enfants. » Peut-on dire que ce roman est un hommage de votre part à cette génération « sacrifiée » ?

(H.K.) Oui, certainement. Il suffit de lire la dédicace : « Avec admiration et gratitude envers les membres de la génération sandwich qui assument le rôle de proche aidant ».

Justement, est-ce que le fait que ce roman touche à une « problématique » qui concerne une tranche d’âge bien précise (les 45-64 ans) ne limite pas la cible lecteur. Autrement dit, est-ce qu’avec un tel sujet, vous vous n’êtes pas tirée une balle dans le pied s’agissant du volume du lectorat? Sinon, pourquoi? 

Hélène Koscielniak

(H.K.) Pas du tout! Puisque ce roman inclut des liens familiaux entre des baby-boomers et des membres des générations subséquentes. Je crois qu’il s’agit d’une lecture qui intéressera toutes les tranches du sandwich. Aussi, le roman est construit de sorte que chaque regroupement a la chance de faire voir sa perception et ses opinions des événements.

Les enfants de Lianne, membres de la génération « X », y verront possiblement un aperçu de ce qui les attend comme proches aidants plus tard… ? Et Lily/Liam, une jeune fille de 16 ans qui se dit transgenre, saura captiver l’attention des ados.

Petite question indiscrète comme on aime à les poser : Est-ce que ce roman ne serait-il pas quelque peu autobiographique?

(H.K.) Étant donné que mon père est décédé d’un cancer,  il y a une vingtaine d’années, à l’âge de 71 ans et n’a jamais souffert d’Alzheimer, je dirais que non, mon livre n’est pas autobiographique.

Sur le fond, le personnage principal de l’histoire répondant au prénom de Lianne endosse plusieurs rôles. Elle est mère, grand-mère, fille, épouse, amie, confidente, employée… Ce n’est pas une cape un peu trop lourde à porter pour les épaules d’un seul personnage?

(H.K.) Oui, absolument! Voilà pourquoi Génération sandwich est une juste réflexion de la réalité d’aujourd’hui. La plupart des femmes partout dans le monde sont mères, grand-mères, filles, épouses, amies, confidentes et employées! Elles peuvent en outre être belles-mères, belles-sœurs, tantes, marraines et voisines en plus d’être appelées à jouer quotidiennement le rôle de proche aidante! C’est justement la raison pour laquelle cette cape est si lourde à porter. Voilà pourquoi il existe des mouvements pour solliciter l’appui des gouvernements pour ces personnes. (Sois dit également que plusieurs hommes acceptent cette responsabilité).

Dans la même lignée que la question précédente, à la lecture du roman on se rend compte qu’il y a plusieurs histoires dans l’histoire, ainsi que plusieurs sujets qui s’imbriquent les uns dans les autres, à l’image des relations père-fils et les conflits générationnels qu’elles engendrent, ou encore celles des adolescents transgenres avec leur environnement familial pour ne citer que ces deux sujets. Est-ce qu’il n’y avait pas là matière à en faire plusieurs romans? Est-ce que cette diversité ne risque pas de perdre le lecteur un peu tête en l’air?

(H.K.) Je fais confiance à mes lectrices et lecteurs. Toujours selon mon objectif à titre d’écrivaine, je souhaite témoigner de l’actualité. Et je crois bien que c’est un fait, la majorité des familles, surtout si on considère la famille étendue, est composée de plusieurs membres et toutes ces vies s’entrelacent comme les racines des arbres dans une forêt. Chacun expérimente son lot de joies et de difficultés, ce qui immanquablement influe sur celle des autres.

Il existe un personnage très intéressant dans votre roman et qui est encore plus fictif que la fiction! Vous l’avez appelé Miss Culpa? Pouvez-vous nous en dire un peu plus? Au-delà du personnage principal qu’il hante, qu’est-ce qu’il représente au juste?

(H.K.) Miss Culpa est la conscience de Lianne, sa vie intérieure. J’ai voulu nommer cette réalité parce qu’elle est grandement présente dans la vie de ces femmes qui se dévouent quotidiennement auprès de leurs proches. Écartelées entre leurs multiples responsabilités, elles se demandent invariablement si elles en font assez. Comme le fait Lianne, mon personnage principal.

Curiosité journalistique oblige, on a ouï dire que vous profiteriez de cette période de confinement pour écrire un nouveau roman qui traite cette fois du phénomène de l’anorexie, est-ce que nos informations sont exactes? Si oui, pourquoi le choix d’un tel sujet?

(H.K.) Oui, mon prochain roman traitera de la triste réalité qu’est l’anorexie. J’ai choisi ce thème après une discussion avec Suzanne Richard Muir, la directrice des Éditions L’Interligne. Il s’agira d’un livre pour ados. Je dois dire qu’au fur et à mesure que je fais des recherches et que je parle de cette psychose avec d’autres, je suis surprise et peinée de constater que cette maladie est beaucoup plus répandue que ce que j’avais cru.

À propos du confinement, en tant qu’écrivaine, ne pensez-vous pas qu’il est bénéfique pour les autrices et auteurs, dans la mesure que cela leur permet de posséder cette denrée rare des temps modernes qu’est le temps?

(H.K.) Oui et non.Pour ma part, il est vrai que j’ai beaucoup plus de temps pour écrire, mais je dois avouer que souvent, à cause d’inquiétudes pour mes proches, le cœur n’y est pas toujours.

SOURCE: Soufiane Chakkouche

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