Le Métropolitain

Forum « Ce que l’on sème » de la FCCF

La Fédération culturelle canadienne-française (FFCF) a présenté son premier forum virtuel le jeudi 22 octobre. Intitulé Ce que l’on sème, il s’agissait d’une discussion destinée à concrétiser le développement culturel durable francophone au Canada.

« La table des créateurs », premier rendez-vous de deux, regroupait Joël Beddows (metteur en scène), Marie Cadieux (créatrice-éditrice multidisciplinaire) et Anna Binta Diallo (artiste visuelle multidisciplinaire). La consultante en développement organisationnel, Nancy Juneau, a animé la discussion.

Alors à quoi ressemble un cheminement artistique en minorité langagière puisqu’au Canada, une grande partie des communautés francophones sont en situation minoritaire? Les trois panélistes sont d’accord : l’environnement forme le produit. Souvent, vivre en minorité peut être perçu comme étant négatif, un champ de bataille infini.

Marie Cadieux confirme qu’elle se doit d’être consciente de l’Autre en tout temps et que ces influences extérieures – ce champ de bataille – font partie de son art. Pour elle, la communauté et l’artiste s’informent constamment en mouvement circulaire. L’artiste influence la communauté qui, à son tour, influence l’artiste.

La réception de l’Autre, c’est une idée que connaît bien Anna Binta Diallo. Installée à Montréal en tant que Franco-Manitobaine, elle est aussi bien Métisse que Sénégalaise. Sa situation minoritaire se reflète dans son identité canadienne-française, sénégalo et femme. Elle affirme que cette large panoplie d’influences la sensibilise aux différents peuples et nations qui se retrouvent dans son art.

Quant à Joël Beddows, il se sent propulsé par le fait d’évoluer en communauté minoritaire. Il se dit « condamné à l’excellence » comme plusieurs artistes minoritaires mais contrairement à une condamnation, cette exigence est une richesse qui lui donne la force de prendre plus de risques, de se renouveler et d’offrir le meilleur de lui-même.

Cheminement artistique

Les panélistes abordent ensuite la question du cheminement de la communauté artistique depuis la COVID-19. Comment se réinventer et avancer en format virtuel? Durant la pandémie, M. Beddows fait le point sur l’importance du soutien des organismes envers les artistes de leurs communautés respectives. Pendant que tout venait à une halte, il relate avoir vécu un bouillonnement extraordinaire d’idées et de propositions.

La saison du Théâtre français est devenue une sorte de projet communautaire créé et vécu par les Torontois. La COVID a effacé les frontières que l’on croyait avoir auparavant. Malgré l’importance de continuer la lutte pour des espaces physiques, le metteur en scène affirme que le virtuel a eu pour effet d’élargir la famille interne du théâtre aussi bien que le nombre de spectateurs.

Dans un rôle de spectatrice, Mme Cadieux partage qu’elle a découvert deux aspects qui retiennent son attention : la nouveauté du produit/projet et l’emplacement inaccessible normalement.

Elle donne en exemple un festival qui se passe en Louisiane qui l’a intéressée grâce à sa programmation d’artistes qu’elle ne connaissait pas et au fait qu’elle n’y serait pas allée en raison de la distance.

Elle propose aussi l’idée d’une « gare centrale », un vaste tableau d’affichage qui rassemblerait tout ce qui se passe en ligne pour ne rien manquer. En plus des vidéos, Mme Cadieux suggère aussi d’inclure les radios et journaux car trop de temps à l’écran peu devenir démotivant.

Mme Diallo a conclu que la COVID a fortement démontré la résilience des artistes francophones face au déclin de leurs carrières et qu’un resserrement avec la communauté a été crucial à la continuité de l’épanouissement artistique.

Selon elle, le travail de l’artiste consiste à aborder les thèmes que les gens redoutent, à amener la communauté à réfléchir et, qu’en période de retrait social et d’instabilité économique, les arts offrent du confort, du renouveau et de l’engagement.

Comme l’avait indiqué le directeur de la FCCF, Martin Théberge, au début du Forum, « l’artiste est un générateur identitaire et c’est en lui assurant une place à la table de discussion que la pérennité du développement artistique canadien sera un succès. »

SOURCE – Élodie Dorsel

Exit mobile version