Le Métropolitain

Fin d’une longue saga pour l’Université de l’Ontario français

L’actualité telle que rapportée par les médias pourrait laisser croire que ce projet était d’inspiration récente. En réalité, cela fait des décennies que les Franco-Ontariens attendent ce jour : la confirmation indéniable que le Centre-Sud-Ouest de la province se dotera d’une université francophone. Comme l’argent était le nerf de la guerre dans ce dossier, c’est par une entente de financement que l’avenir de cette institution est désormais assuré : le mercredi 26 février, des représentants des gouvernements et de l’Université de l’Ontario français (UOF) ont procédé à la signature officielle de l’accord qui vient cimenter la viabilité de la sixième université torontoise.

Rappelons qu’Ottawa s’engage à investir 63 millions $ pour les quatre premières années d’existence de l’université. Le gouvernement provincial prendra ensuite la relève pendant quatre autres années et pour la même somme. L’UOF sera ensuite financée de la même manière que les autres universités.

Les ministres, le maire et la présidente du conseil de gouvernance de l’UOF ont procédé à une visite du chantier avant la conférence de presse.

La conférence de presse a également été l’occasion de confirmer une rumeur qui circulait déjà : cette université tant attendue se matérialisera au 9, rue Lower Jarvis. Les travaux vont bon train et l’équipe de l’UOF y emménagera dès août prochain, quoique les locaux ne seront parfaitement aménagés qu’au printemps 2021.

Une foule nombreuse était présente pour la signature de l’entente et, avant que les dignitaires n’apposent leurs signatures sur le document historique, quelques discours sont venus souligner l’importance de ce geste.

D’entrée de jeu, Mélanie Joly a rappelé le mouvement de solidarité de décembre 2018 alors que les francophones, non seulement de l’Ontario mais de partout au Canada, s’étaient rangés du côté des promoteurs de l’université dans le conflit qui les opposait à Queen’s Park. « Ensemble, on est capable de lancer un message clair. Un message qui démontre que l’on doit défendre notre langue, une langue qu’on aime tant et que l’on a choisie de parler tous les jours », a commenté la ministre fédérale du Développement économique et des Langues officielles.

Pour Caroline Mulroney, ministre des Transports et ministre des Affaires francophones, cette institution d’enseignement constitue un rêve devenu réalité pour des milliers de gens : « Faut-il le rappeler, en dehors du Québec, c’est en Ontario que l’on retrouve le plus grand nombre de francophones ». La province tout entière va capitaliser sur le rayonnement, le talent et le dynamisme économique que l’université entraînera dans son sillage croit Mme Mulroney. Plus encore, elle bénéficiera d’abord et avant tout à sa clientèle cible qui se trouve désormais sur un pied d’égalité en cette matière avec l’ensemble des Ontariens : « L’UOF va incarner le maillon final de l’éducation francophone ».

Une foule compacte de journalistes et de représentants de la communauté était présente à la cérémonie de signature de l’entente.

Son collègue au cabinet provincial, le ministre des Collèges et Universités Ross Romano, a tenu à décrire la situation dans laquelle se trouvait le gouvernement qui, en 2018, faisait face à des contraintes financières. L’offre d’Ottawa est tombée à point et, après des discussions parfois éreintantes mais néanmoins enthousiasmantes, une solution a été trouvée. L’existence de l’UOF bonifiera l’excellence du système d’éducation postsecondaire ontarien déjà très compétitif à l’échelle internationale et le gouvernement provincial s’assurera que cette institution soit équipée pour répondre au marché de l’emploi et garantir un bel avenir aux étudiants.

John Tory, maire de Toronto, a été une des premières personnalités publiques à soutenir la création de cette université. Mener à bien les négociations sur son financement a été un défi pour les ministres concernés mais tous ont coopéré de bonne foi, estime-t-il. L’UOF est nécessaire non seulement pour la ville mais pour tout le pays : « Toronto étant une terre d’accueil pour de nombreux francophones, cette université contribuera à façonner notre identité culturelle ».

Dyane Adam fut la dernière et certainement pas la moindre à s’adresser à l’assistance qui l’a d’emblée ovationnée. La présidente du conseil de gouvernance de l’UOF a remercié tous ceux qui se sont impliqués dans le dossier et qui sont devenus, au fil du temps, des amis. Les Franco-Torontois méritaient aussi une pensée : « Je tiens à remercier notre communauté et ses porte-paroles pour leur appui, a insisté Mme Adam. On va s’assurer d’être à la hauteur de leurs attentes ».

Bien de l’eau a coulé sous les ponts depuis le mélodrame de l’automne 2018. Le malaise qui entourait le parti progressiste-conservateur s’est depuis largement dissipé lorsqu’il est question de l’UOF. D’ailleurs, Mélanie Joly, pourtant libérale, a relevé que les gouvernements ont plus en commun que ce que ne laisse croire la couleur politique de ceux qui en sont temporairement aux commandes. La concorde règne donc désormais autour de cette université francophone qui peut désormais se préparer à l’accueil de sa première cohorte d’étudiants en septembre 2021.

PHOTO – De gauche à droite : Mélanie Joly, Dyane Adam, Caroline Mulroney et Ross Romano ont officialisé l’entente de financement de l’université qui sera située au 9, rue Lower Jarvis.

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