Le Métropolitain

Édouard Manet, un artiste révolutionnaire

L’Alliance française de Toronto (AFT) recommence ses activités culturelles avec une série de trois webinaires d’Artistes révolutionnaires qui ont changé le monde des arts. Édouard Manet était au rendez-vous pour cette première rencontre avec les explications de la conférencière Ophélie Delacour.

Diplômée en médiation culturelle à l’École du Louvre et une grande passionnée d’histoire de l’art, Mme Delacour décortique l’artiste qui a bousculé les codes, réinventé la tradition artistique, créé le scandale et, finalement, contribué à ouvrir la route vers ce que deviendra l’art moderne.

Celui que l’on appelle le « père de l’impressionnisme », est né en 1832 d’une famille bourgeoise, avec déjà un petit côté rebelle en tant qu’enfant. « En premier il va s’essayer en tant qu’officier de la marine, mais va échouer le concours, pas une, mais bien deux fois », raconte Mme Delacour. Entre temps, il a voyagé, dessiné et contracté la syphilis comme beaucoup d’autres à cette époque-là, un mal qui le rattrapera à la fin de sa vie à 51 ans.

C’est donc à son retour qu’il décide de se lancer en art, sans rentrer à l’Académie des beaux-arts, un chemin qui se loge plutôt dans la tradition. Il devient plutôt apprenti à l’atelier de Thomas Couture.

« Certains disent qu’il voulait être innovant et l’Académie l’aurait formé trop traditionnellement; d’autres pensent qu’il n’a pas voulu y aller, car il avait déjà échoué deux concours auparavant et donc avait l’ego meurtri », poursuit la conférencière.

Malheureusement pour Manet, Thomas Couture est un peintre très académique et pendant les six ans que Manet sera sous sa tutelle, ils ne s’entendront pas. « Les histoires racontent que Manet partageait un sentiment d’emprisonnement lorsqu’il arrivait à l’atelier, que les idées de M. Couture l’étouffaient », révèle Mme Delacour. Ça, on ne le saura jamais. Durant son temps, il est initié à l’art de la renaissance et du dessin.

Déjà dès son premier tableau partagé avec le public, Edouard Manet fait scandale. Le buveur d’absinthe évoque un sujet tabou de la société, il a trop de candeur. D’un côté technique, le tableau est bizarre, la jambe du bonhomme est croche et il n’a pas de fond. Simplement, il offusque les gens.

Son tableau La musique des tuileries en 1862 troublera aussi son public. Il peint des membres de la haute société comme s’ils étaient installés sur une scène et que l’observateur assistait à un théâtre. « Le tableau est peint par taches, il est presque flou… pas très flatteurs pour ses sujets, mais cela se rapproche à l’impressionniste », précise Mme Delacour. Les gens ne sont pas contents du jugement que semble poser le peintre sur eux.

Ses tableaux Le déjeuner sur l’herbe ou le bain et Olympia deviennent ses plus gros scandales. Les deux présentent des femmes nues, basées sur sa muse Victorine Meurent. Elles ne sont pas des déesses, mais bien des prostituées contemporaines. Le public a même l’impression d’être le visiteur de la prostituée dans Olympia.

« Ce n’est pas la nudité qui pose problème, mais bien le fait que ce sont des scènes oséesréellesde son temps, absolument tabou », explique Mme Delacour. Tous ces scandales réussissent néanmoins à lui faire un nom. Édouard Manet devient une sorte de pionnier de l’art moderne et forme les bases de l’impressionniste.

La série d’artistes révolutionnaires se poursuivra le 4 décembre avec Gustav Klimt. Inscriptions disponibles sur le site de l’AFT.

PHOTO – Olympia (1863) d’Édouard Manet

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