Le Métropolitain

Du salon au grenier : les yeux grand ouverts

Derrière les portes closes, qu’est-ce qui se cache? Une maisonnée parfaite, un intérieur arrangé, une nappe parfaitement repassée. Tout est beau, tout est bien. Tout est à sa place.
À travers les rideaux, on peut même voir les silhouettes d’une réception entre convives donc, vraiment, tout va bien.

Pourtant l’argenterie du salon ne brille-t-elle pas un petit peu trop? La cuisine et son épicerie rangée en rang d’oignons ne soulèvent-ils aucune question? Qu’est-ce que cette tache dans le salon? Pourquoi évite-t-on les miroirs étincelants de la salle de bain? Et qu’est-ce qui se cache dans ce grenier que tout le monde évite?
L’auteure A.M. Matte invite les spectateurs à ouvrir grand les yeux avec sa nouvelle pièce de théâtre Les Murs ont des yeux, à regarder de front ce que cinq personnages sur scène font tout pour éviter.

Qui sont-ils? On ne le sait pas. On dirait comme une famille qui observe ce couple et plus particulièrement cette femme.
L’une pourrait être la maîtresse de maison avec sa robe distinguée. Elle oscille étrangement entre excitation et désolement. Serait-ce son compagnon, ce fanfaron qui a toujours le mot pour rire? Celle-là est la grande sœur, une rebelle certainement, qui déclame son désespoir à l’auditoire. Et lui, recoquillé sur son fauteuil, avec ce sourire timide et triste… le petit frère peut-être. Oh, on a failli oublier celle-ci. Elle qui se cache derrière tous les autres, elle qui est ignorée par tous…

Tous semblent observer une femme, cette femme. Ils la regardent avec tendresse. Ils célèbrent son travail dans la maison et discutent avec bonheur de ses habitudes. Qu’est-ce qu’ils l’aiment, elle! Quel bonheur d’être autour d’elle! Mais il y a lui. Lui qui veut une bière, plutôt que du thé en dessert. Lui qui tache la belle nappe immaculée. Lui et ses mots. Lui et ses coups.
Que s’est-il passé? La nappe n’est pas rangée, la vaisselle pas terminée. Deux d’entre eux le savent, mais l’un ne veut pas le dire. Il ne peut pas le dire. L’autre est ignoré. Pourtant si, tous, ils écoutent bien, ils sauront et alors ils ne pourront plus fermer les yeux.

La troupe de la pièce Les Murs ont des yeux

En scène
Les répétitions battaient leur plein avant la grande première de la pièce Les Murs ont des yeux du samedi 5 novembre au théâtre The Box Toronto Studio and Theatre.
Les cinq comédiens s’affairent sous le regard de la metteure en scène Magalie R. Bazinet qui a monté cette pièce sur la violence faite aux femmes.

« Je veux surprendre le public avec tout ce qui est le fun, tout ce qui est humoristique dans la pièce », explique-t-elle.

Si le sujet aurait pu être pesant, il est abordé avec finesse notamment grâce aux touches d’humour que l’on retrouve durant la pièce. « On n’est pas juste dans la lourdeur du sujet », note la comédienne Geneviève Fontaine.

Sur scène on compte cinq comédiens : Geneviève Fontaine, Barbara Audrey Bergeron, Benoît Trudel, Michèle Tredger et Aleks. Tous se sont investis pour ce projet aux portées sociales.

L’acteur Benoît Trudel explique avoir cerné son personnage en regardant sur CNN des témoignages de femmes sur les récentes déclarations de Donald Trump. « J’ai vu à quel point ces femmes trouvaient des mensonges, des excuses pour nier. C’est là que j’ai compris mon personnage. »

Le déni, c’est l’un des thèmes phares de la pièce écrite par A.M. Matte. Une pièce qui nous permet de porter un autre regard sur le sujet de la violence faite aux femmes, ou plutôt, d’affûter notre regard.

La pièce Les Murs ont des yeux est en tournée à Barrie, le jeudi 17 novembre et à Penetanguishene, le 18 novembre.  

Exit mobile version