La danseuse québécoise Myriam Allard et la compagnie de flamenco La Otra Orilla présentent, les 15 et 16 février au centre Harbourfront, un spectacle de flamenco contemporain loufoque et poétique, « Homo Blablatus ».
À Séville, les nuits d’hiver sont douces. Le patio, ce jardin mauresque, cour intérieure de toutes les maisons andalouses, respire de parfums sirupeux de plantes, de fumée de cigarettes, de vin. Les guitares entrent d’abord en jeu, humblement, presque timidement, accompagnées par cette percussion étouffée de deux paumes que l’on frappe doucement l’une contre l’autre. Le bourdonnement des guitares se fait de plus en plus pressant. Il vrombit et monte, tandis que les spectateurs qui battent fébrilement des mains retiennent leur souffle. Quelques minutes d’éternité. Et soudain, c’est l’éclair.
Le danseur, quintessence de l’élégance et de l’honneur, grand et svelte et beau, envahit la scène. L’éclair se fait feu lorsqu’il est rejoint par la robe froufrou rouge d’une belle brune dont le moire des cheveux est interrompu par le sang d’une rose.
Danse des gitans, danse de l’éclair, du feu et de la nuit, danse de l’âme, musique, le flamenco est un carcan de traditions.
Bien que Myriam Allard vienne de ce monde, ce qu’elle propose avec sa compagnie La Otra Orilla est assez différent. Elle, qui a apprivoisé pendant six ans la nuit sévillane, vient du Québec, où elle vit et crée, à Montréal.
À l’origine, c’est par la musique qu’elle est venue au flamenco, ou plutôt, comme elle le dit : « C’est le flamenco qui est venu à moi par la musique. J’ai été bouleversée à l’écoute de cette musique avant de voir qu’elle correspondait à une danse ».
Myriam Allard vient de ce monde, mais son spectacle n’en est pas un de flamenco traditionnel. C’est très théâtral et très drôle. Loin du drame et de la dignité traditionnelle. « Je me suis réappropriée cette tradition. Je n’aime pas dire que je l’ai fait évoluer, cela reviendrait à dire que le flamenco traditionnel est moins évolué que le flamenco contemporain. J’adore le flamenco traditionnel. »
Homo Blablatus se compose de neuf tableaux loufoques, sans narration, mais liés les uns aux autres autour du thème du vide et du trop plein. Trop plein de paroles, de vidéos sur Internet, de tweets, de photos sur Facebook, de dépêches et de nouvelles. Trop plein, et donc pas assez de vide? Ou « trop plein », synonyme de « vide »? Tout est là.
« J’ai envie d’être complète sur scène, pas d’imiter ce qui se fait. J’aime le théâtre, la littérature, le cinéma. Pour offrir de la sincérité sur scène, il faut que j’y aille avec tout ce que je suis », raconte la jeune danseuse, qui est déjà venu danser à Toronto. Comme la promesse d’un grand spectacle.
Photo : Le spectacle « Homo Blablatus» de La Otra Orilla