Le Métropolitain

Des voyageurs sont dans l’incertitude après l’annonce de la fermeture de Lynx Air

Sammy Hudes

Des voyageurs qui avaient réservé des places à bord d’un vol de Lynx Air dans les jours suivant l’annonce du vendredi 23 février devaient faire des pieds et des mains pour trouver une solution de rechange depuis que le transporteur aérien à bas coût avait annoncé, la veille au soir, qu’il mettra un terme à ses activités dès lundi.

L’entreprise établie à Calgary a confirmé jeudi dernier qu’elle cesserait ses activités à 0 h 01, heure des Rocheuses, lundi dernier, de sorte que tous ses vols prévus à partir de ce moment sont annulés. Elle a invité ses clients qui avaient déjà des réservations à contacter leur société de carte de crédit pour obtenir un remboursement.

Le transporteur a expliqué être incapable de surmonter les pressions financières associées à l’inflation, aux coûts du carburant, aux taux de change, au coût du capital, aux coûts réglementaires et à la concurrence sur le marché canadien. Il a donc déposé une demande de protection contre ses créanciers.

Pour les voyageurs qui avaient un vol de prévu dans les jours suivant l’annonce, le branle-bas de combat est amorcé pour trouver une autre option.

Jean-François Turcotte et sa conjointe devaient quitter Montréal le 1er mars pour se rendre à Las Vegas avec 12 de leurs amis, mais la fermeture de Lynx vient compliquer leur voyage, à quelques jours du départ. Le couple avait utilisé le site Bookings.com pour réserver des places sur un vol de Lynx à l’aller et sur un vol d’Air Canada au retour.

M. Turcotte a avoué que l’idée d’annuler tout le voyage lui a traversé l’esprit, mais que cette option est devenue moins attrayante lorsqu’on lui a dit que Bookings.com ne rembourserait pas le prix de ses billets pour son vol avec Air Canada.

« D’après ce qu’ils nous ont dit au téléphone, il n’y a aucun impact sur le vol retour, donc ils considèrent qu’on peut le prendre même si on n’a plus de vol aller, a-t-il raconté en entrevue avec La Presse canadienne. Donc maintenant, on doit décider si on annule tout le voyage ou si on se trouve des billets de dernière minute qui seront beaucoup plus chers. »

Selon M. Turcotte, les billets pour Las Vegas se vendent actuellement au-delà de 1000 $ par personne pour la semaine prochaine. Ses billets avec Lynx lui avaient coûté 250 $ par personne.

Parallèlement, la société émettrice de la carte de crédit de sa conjointe les a informés qu’ils devaient contester les frais liés à leur réservation pour obtenir un remboursement, un processus qui prendrait ensuite 14 jours pour déterminer un résultat.

« En gros, personne n’a de réponse sur ce qu’il faut faire. On doit donc décider de ce qu’on va faire sans savoir ce qui va se passer », a-t-il déploré.

Les autres transporteurs offrent leur aide

À la suite de l’annonce de Lynx, WestJet et Air Canada ont offert leur aide aux passagers dont le vol a été annulé.

Ainsi, WestJet offrira 25 % de rabais sur ses tarifs de base en classe économique sur les itinéraires sans escale qu’elle offre et qui étaient précédemment desservis par Lynx.  

« Nous travaillons en étroite collaboration avec les représentants du gouvernement et les agences de soutien qui s’efforcent également de répondre aux besoins des personnes touchées », a ajouté WestJet dans un communiqué.

De son côté, Air Canada a plafonné ses tarifs pour les achats de billets faits au cours de la fin de semaine dernière sur certains vols prévus jusqu’au 2 avril, « pour couvrir la période des semaines de relâche du printemps au Canada et celle des vacances de Pâques ».

Le transporteur ajoutera aussi environ 6000 places dans certains marchés exploités par Lynx Air, notamment les liaisons de Toronto et de Montréal à destination de Cancún, Fort Myers, Orlando, Tampa, Phoenix et Las Vegas.

« Toutefois, étant donné que la période des vacances d’hiver est très occupée et que les vols sont déjà relativement pleins, la capacité d’augmenter davantage le nombre de places est limitée », a précisé Air Canada dans un communiqué.

Natasha MacLean, qui se rendait à Halifax vendredi dernier pour rendre visite à sa famille, a reçu un courriel vers 22 heures, la veille, l’informant que le vol retour qu’elle avait réservé via Lynx dans 10 jours avait été annulé.

Depuis Toronto, elle a dû réserver un nouveau vol aller-retour au double du prix.

« C’est la première fois que je vole avec Lynx et je ne peux pas dire que je suis impressionnée par le service à la clientèle avec ce préavis tardif, a-t-elle mentionné. C’est beaucoup de stress, d’anxiété et de déception. »

Des impacts pour les employés

Au-delà de l’impact immédiat qui touchera les voyageurs, les employés de Lynx seront aussi affectés par la fermeture du transporteur. Selon l’Air Line Pilots Association International, 160 pilotes et membres d’équipage seront concernés.

À la fin de l’année dernière, Lynx Air employait environ 500 personnes – 390 en Alberta et 110 en Ontario – selon une déclaration sous serment déposée jeudi dernier par le directeur financier par intérim de l’entreprise, Michael Woodward, devant la Cour du Banc du Roi de l’Alberta.

Le document indique que Lynx exploite une flotte uniforme de neuf Boeing 737 MAX 8.

L’analyste Cameron Doerksen, de Financière Banque Nationale, a souligné dans une note aux investisseurs que la fermeture de Lynx illustrait les défis associés au modèle de transporteur à bas coût au Canada, compte tenu des coûts plus élevés du secteur aérien que dans d’autres pays.

M. Doerksen a noté que l’un des bailleurs de fonds de Lynx était Indigo Partners, un investisseur en capital-investissement prospère dans de nombreuses compagnies aériennes à bas prix partout dans le monde.

« Le fait que même avec l’aide d’un investisseur expérimenté, Lynx Air n’ait pas réussi à soutenir sa stratégie de modèle à très bas prix et n’ait pas non plus été en mesure de trouver des capitaux supplémentaires pour maintenir ses activités témoigne des défis auxquels toute compagnie aérienne émergente est confrontée au Canada », a-t-il soutenu.

Il a ajouté que la fermeture de Lynx devrait avoir des implications positives pour les plus grands transporteurs au pays, notamment Air Canada et Air Transat.

Source : La Presse canadienne – Avec des informations de Maan Alhmidi à Toronto

Photo : L’entreprise établie à Calgary a confirmé jeudi dernier qu’elle cesserait ses activités à 0 h 01, heure des Rocheuses, le 26 février.

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