Le Métropolitain

Des réalisateurs québécois très présents au Festival Hot Docs

La scène du documentaire est très active au Québec à l’heure actuelle et le festival Hot Docs compte bien lui faire honneur. En dehors de Le Profil Amina de la réalisatrice Sophie Deraspe, qui porte sur l’un des plus grands scandales médiatiques du XXIe siècle, deux autres productions de la Belle province réservent bien des surprises aux intéressés. Il s’agit de Le Mystère MacPherson de Serge Giguère et de Le Dominion de Seth de Luc Chamberland.

Le premier se focalise sur la vie et le travail de Martine Chartrand lors de la conception du film d’animation MacPherson. Il s’agit d’une rencontre avec une personne qui sort de l’ordinaire, aux émotions à fleur de peau, en quête de réponses à ses questions. M. Giguère a décidé d’en faire le sujet de sa dernière œuvre. 

« Je la trouvais vivante, on avait des atomes crochus, dit-il. La manière dont les gens affrontent la vie m’intéresse. Je cherche à lier ce combat à quelque chose de plus grand. » 

Lors du tournage, il s’est concentré sur quelques points de la personnalité de l’artiste : « son obstination, sa passion, sa recherche très forte d’identification ». En effet, née d’un père d’origine haïtienne et d’une mère québécoise, elle fut adoptée à la naissance et a vécu également une certaine discrimination en raison de sa couleur de peau. 

La discrimination raciale est un sujet auquel le réalisateur porte attention : « Je suis sensible à ça mais ça n’est pas non plus dans mon viseur tous les jours. La rencontre de l’autre, c’est quelque chose qui m’habite. ». Il n’y a pas de moment privilégié pour filmer les mouvements de Martine Chartrand, juste du naturel. « Je la laisse aller, ajoute-t-il. Les émotions, ça passe autant par les choses graves que par les légères. » 

Le mystère MacPherson a déjà eu droit à une tournée au Québec et fut accueilli chaleureusement : « Les gens sont touchés par la complicité entre Martine et moi. Je suis content de la réception, c’est un beau cadeau ». 

Originaire de Victoriaville, il a passé 40 ans à Montréal avant de retourner dans sa terre natale. Bien loin de prendre sa retraite, il se concentre désormais sur un documentaire centré sur sa mère à travers les lettres qu’elle écrivait à l’un de ses fils à la fin des années 1940. « Je suis le 15e enfant », conclut-il.

 

Le dominion de Seth

Le second film, intitulé Le dominion de Seth, invite le spectateur à pénétrer l’univers particulier du dessinateur de bande dessinées Seth. Le cinéaste Luc Chamberland, établi à Montréal depuis huit ans après avoir travaillé dans plusieurs grandes villes européennes telles Paris et Londres pendant de nombreuses années, confie tout l’amour qu’il porte à la BD. 

« Je suis un fidèle de Spirou, mais pas un grand fan des super héros américains, confie-t-il. J’ai trouvé une BD de Seth par hasard et j’ai découvert qu’il était Canadien malgré l’influence européenne de ses dessins. » 

Ainsi, porté par son admiration pour le travail du dessinateur, il lui rendra visite deux fois par an pendant sept ans. « Il fait un travail très volubile, explique M. Chamberland, il a un côté contemplatif de la vie, tous les trucs de la vie de tous les jours. Il a une certaine philosophie de la vie, du rapport au visuel et il s’est prêté au jeu. » 

Légèrement sceptique au départ, l’illustrateur s’est laissé aller lorsqu’il a vu les premières animations faites par le réalisateur. À l’évidence, l’excentrique Seth a eu une certaine influence sur lui au fil des ans. « J’aime bien m’habiller, mais il s’habille mieux que moi. Je travaille fort, et il travaille encore plus fort que moi, dit-il avec bienveillance. Ça m’a transformé, rassuré dans le travail que je fais. »

Côté technique, plans fixes et usage d’une caméra Super 8 sont au menu, afin de donner au documentaire un côté rétro : « J’ai voulu tourner le film comme si c’était une fiction ». La popularité de cette production lui a valu deux commandes supplémentaires de la part de l’Office national du film, deux courts-métrages d’animation toujours sur le thème de Seth et de son univers.

Deux productions de choix qu’il faut voir sur grand écran au Festival Hot Docs de Toronto, du 23 avril au 3 mai.

Photo: Luc Chamberland

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