Le Métropolitain

Des jeunes réfugiés optent pour l’école en français en Ontario

Des conseils scolaires francophones de l’Ontario ont vu leur nombre d’élèves gonfler grâce à l’arrivée de demandeurs d’asile en provenance du Québec. Une situation qui réjouit plusieurs intervenants, le poids démographique des francophones étant en décroissance dans la province depuis plusieurs années.

Le directeur des services aux nouveaux arrivants du Centre de santé communautaire Hamilton/Niagara, Bonaventure Otshudi, soutient que la communauté francophone de sa région « se frotte les mains » en voyant le nombre de nouveaux élèves.

« L’immigration, c’est le remède au taux de natalité décroissant dans la région. Dans nos écoles francophones, on peut avoir [un nombre d’inscriptions] de rêve, jamais vu. Une école a reçu 30 inscriptions en trois mois », dit-il.

« Ça va très bien. Certains élèves sont moins francisés, certains sont bien francisés », explique M. Otshudi.

Les écoles font tout pour contribuer à l’apprentissage du français par les nouveaux élèves, raconte l’employé du centre de santé communautaire. « En Ontario, on dit que l’anglais s’attrape, mais que le français, il faut l’apprendre. On recommande donc aux parents de garder leurs enfants dans le système francophone pour qu’ils conservent la langue, sinon ils vont la perdre. »

Le Conseil scolaire Viamonde, qui compte cinq écoles dans la région de Niagara, confirme que des élèves réfugiés ont été inscrits dans tous ses établissements des environs. « Nous nous assurons que les familles sont au courant de notre existence en tant que système d’éducation laïque de langue française » », précise son directeur des communications, Steve Lapierre.

Le Conseil scolaire catholique MonAvenir a déjà accueilli une dizaine d’enfants réfugiés dans ses établissements de la région.

Le Conseil des écoles catholiques du Centre-Est, dont la plupart des établissements se situent à Ottawa, a quant à lui accueilli plus de 600 nouveaux élèves issus de l’immigration depuis la dernière rentrée automnale. Entre septembre 2021 et septembre 2022, le conseil en avait accueilli environ la moitié. « Il n’est pas possible de déterminer si ces élèves viennent de l’immigration par le chemin Roxham », précise toutefois le conseil scolaire.

Le Conseil scolaire catholique Providence et le Conseil scolaire de district catholique de l’Est ontarien n’ont pas fourni de données au Devoir.

Malgré l’atteinte en 2022 de la cible d’immigration francophone hors Québec fixée par le fédéral, le poids démographique des Canadiens s’exprimant en français ne cesse de diminuer, en Ontario et ailleurs. L’arrivée de demandeurs d’asile francophone « vient aider à répondre à la cible », note la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada, Liane Roy. Toutes nos communautés sont très ouvertes à accueillir des demandeurs d’asile. »

À Cornwall, où environ 20 % de la population est francophone, leur arrivée suscite déjà curiosité et intérêt. La sénatrice Bernadette Clément, ancienne mairesse de l’endroit, dit avoir reçu ces derniers mois des appels d’employeurs lui demandant si certains demandeurs d’asile seraient en mesure de travailler chez eux.

« C’est crucial de pouvoir attirer l’immigration francophone [en milieu minoritaire]. Et tout d’un coup, à Cornwall, il y a du monde qui arrive et qui veut travailler. »

Adrien Wilsonne, un pasteur d’origine haïtienne oeuvrant à Fort Érié, près de Niagara Falls, où près de la moitié des demandeurs d’asile transférés en Ontario ont abouti, salue déjà leurs « rêves et visions ».

« Ce sont des gens qui, dans quelques mois, pourront donner et contribuer au développement de la société canadienne. Ce sont des travailleurs, des gens qui veulent faire tout ce qui est possible pour pouvoir prendre soin de leur famille », dit-il.

Source : La Presse canadienne / Le Devoir. Ce reportage bénéficie du soutien de l’Initiative de journalisme local, financée par le gouvernement du Canada.

Photo : Bonaventure Otshudi

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