Le Métropolitain

Des gribouillis à la Galerie Corkin

Jusqu’au 23 mars prochain, la Galerie Corkin présente l’exposition Blind Scribbles (littéralement « gribouillis aveugles ») de l’artiste montréalaise Françoise Sullivan.

L’octogénaire québécoise (elle née en 1925), artiste pluridisciplinaire, se concentre actuellement sur la peinture qu’elle considère comme étant « son activité essentielle ». Les toiles exposées à la Galerie Corkin, dans le quartier de la Distillerie, peuvent être vues comme le prolongement logique du combat qu’elle a mené avec le groupe d’artistes Les Automatistes dans les années 1940.

Sous la houlette du peintre Paul-Émile Borduas, le groupe, inspiré par le surréalisme et la psychanalyse, publiera le manifeste artistique Le Refus Global, un pamphlet dans lequel ses auteurs furtigeaient les valeurs du Christianisme et exprimaient leur dégoût pour la société québécoise de l’époque. Françoise Sullivan faisait partie des cosignataires du manifeste, signant le chapitre « La danse et l’espoir », considéré comme le premier texte philosophique sur la danse et la chorégraphie dans le Canada francophone.

Après avoir connu la renommée en tant que danseuse et chorégraphe, Françoise Sullivan, Chevalier de l’Ordre national du Québec, s’essaie à la sculpture dans les années 1960 avant de se tourner définitivement vers la peinture à partir des années 1970.

Les oeuvres constituant l’exposition Blind Scribbles sont, selon l’artiste, « à connecter avec l’idée énoncée par Borduas : je crée une marque et à partir de cette marque je crée une peinture ». Dessinant un trait, ou « gribouillis », les yeux fermés, Françoise Sullivan remplit ensuite le canevas de couleurs chatoyantes. Ces toiles d’un mètre carré habillant les murs de la galerie semblent parfois être des détails d’une oeuvre plus imposante, comme si l’artiste laissait le soin aux spectateurs de recréer l’ensemble dans leur propre imaginaire. Certains des gribouillis ressemblent à un nouveau langage, Françoise Sullivan, par cette sorte d’écriture automatique, créant un Espéranto esthétique.

Exposées jusqu’au 23 mars prochain, les oeuvres de l’artiste montréalaise, véritable légende dans le monde de l’art québécois, valent à coup sûr le coup d’oeil. Poussez donc les deux imposantes portes en métal de la Galerie Corkin et laissez-vous aller à la rêverie en parcourant ces surprenant « Blind Scribbles »

Photo : Jusqu’au 23 mars prochain, la Galerie Corkin présente l’exposition « Blind Scribbles ».

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