Le Métropolitain

Des élections au bilinguisme douteux

Le 21 octobre dernier, des millions de citoyens canadiens se sont rendus aux urnes. Ceux du Québec ont sans problème eu droit à des services en français tout comme ceux des autres provinces ont pu se faire servir en anglais. Mais qu’en est-il des minorités linguistiques? Un couple de Whitby a, cette journée-là, fait l’expérience du caractère souvent illusoire du bilinguisme officiel.

Roger et Anne-Marie Brideau se sont rendus au bureau de scrutin #141 tel que requis pour exercer leur droit de vote. À leur arrivée, une employée du bureau s’approche de Mme Brideau et lui demande en anglais si elle peut l’aider, ce à quoi elle répond qu’elle souhaite un service en français. Or, il s’avère qu’aucun employé du bureau n’est bilingue. Après avoir tergiversé quelque peu, une autre employée décide de téléphoner au bureau chef des élections à Whitby. Après avoir patienté une quinzaine de minutes, Mme Brideau est mise en contact avec un membre du personnel du bureau chef qui, en anglais encore une fois, lui explique qu’il enverra une personne francophone l’assister dans 30 minutes.

Les Brideau attendent donc une demi-heure avant qu’une employée parlant le français se présente effectivement au bureau de scrutin et leur offre poliment un service dans leur langue.

Les Franco-Ontariens sont presque tous parfaitement bilingues et, plus souvent qu’autrement, acceptent passivement de parler anglais même lorsqu’il est justifié – voire obligatoire – que quelqu’un s’adresse à eux en français. « Cette fois-ci, on a décidé de tenir notre bout parce que c’est une élection fédérale, explique Roger Brideau. Si on ne se plaint pas, comment voulez-vous que l’on améliore le service dans les langues officielles? » Il s’agissait de la première fois que le couple faisait face à cette situation mais, puisqu’il est obligatoire que chaque bureau de vote ait au moins un employé bilingue, les Brideau ont tenu à déposer une plainte en bonne et due forme.

Le bilinguisme, il est vrai, est bien implanté au Canada mais des incidents comme celui-ci illustre qu’il subsiste encore beaucoup de sable dans l’engrenage. Le Commissariat aux langues officielles a d’ailleurs reçu environ 75 plaintes relatives au manque de services en français offerts par Élections Canada dans le cadre de ce scrutin. De ce nombre, les deux tiers provenaient de résidents de l’Ontario.

« Cette expérience m’a fait réaliser qu’étant Canadienne française, je ne reçois donc pas le même prompt service que les Canadiens et les Canadiennes de langue anglaise, constate Anne-Marie Brideau. Pourquoi dois-je attendre environ 45 minutes de plus pour obtenir un service dans ma langue? N’est-elle pas une des deux langues officielles ici, au Canada, offerte dans les services gouvernementaux surtout au niveau fédéral? »

Au cours des derniers mois, le 50e anniversaire de la Loi sur les langues officielles a été souligné de diverses façons et de nombreux politiciens fédéraux se sont engagés à la moderniser. Ce sera là une des attentes des minorités francophones à l’endroit du gouvernement qui, suite aux élections, devra travailler sur ce dossier avec la collaboration de l’Opposition.

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