Le Métropolitain

De voyeur à acteur, le spectateur crée sa propre expérience dans la nouvelle création de CORPUS

CORPUS présente son nouveau spectacle House Guests, une création de David Danzon cofondateur et directeur artistique de la troupe créée en 1997. Ce dernier a eu l’idée folle de créer un spectacle chez lui.

« J’ai acheté cette maison il y a 17 ans, raconte-t-il. Je voyage beaucoup avec la compagnie, je la sous-loue donc très souvent. Au fil des ans, il y a énormément de gens qui sont venus y habiter et j’aime à croire que leurs empreintes sont quelque part dans les murs.

« C’est également un défi artistique. Je fais des spectacles en plein air et là, j’avais envie de me lancer un défi de faire un spectacle plus intime dans un lieu qui n’est pas conventionnel et dans un espace où on ne peut pas contrôler l’expérience de chacun. »

En arrivant au 8, rue Baden, on est accueilli par David qui est en peignoir et chaussons blancs. Une fois le moment de surprise passé, le maître de maison invite le spectateur à passer au salon. Assis confortablement sur des coussins par terre ou sur le canapé, les spectateurs attendent patiemment le début du spectacle.

L’hôte revient quelques minutes plus tard, toujours en peignoir, pour proposer thé au jasmin ou vodka. Une proposition alléchante qui fait sourire certaines personnes de l’assistance. C’est alors que la lumière s’éteint et que le rideau s’ouvre sur cinq danseurs, tous vêtus d’un peignoir et de chaussons blancs.

Comme promis, sur des plateaux sont servis le thé et la vodka. Puis, ils font signe de les suivre. Pendant un quart de seconde, le spectateur est déboussolé, il ne sait pas vraiment s’il doit rester assis ou répondre positivement à l’invitation, mais celle-ci est trop tentante pour être refusée. Mais il est trop tard, les danseurs sont partis. Commence alors l’exploration de la maison. Il y a un danseur qui fume sur le balcon dehors. Un autre dort dans un lit en faisant des ronflements sourds. À l’étage, il y en a une qui fait la vaisselle et dans la chambre, une autre est en train d’écrire son journal intime.

En descendant dans le sous-sol, le spectateur tombe nez-à-nez sur une lampe vivante. Et puis les comédiens se mettent à bouger et à faire autre chose. Ils changent de pièce et créent une nouvelle histoire. Peu à peu, le spectateur entre dans les univers qui lui sont proposés.

Quand un des acteurs demande de lui faire la lecture alors qu’il est dans son bain, le spectateur s’exécute. Peu à peu, chaque spectateur crée sa propre expérience. « Chacun a sa liberté de parcourir la maison comme il veut, a sa propre aventure, son propre voyage à travers la maison. »

Mais tout le monde ne réagit pas pareil. Il y a le spectateur qui est plus observateur et donc voyeur et il y a celui qui interagit avec les danseurs. Il agit et devient lui-même acteur. « La réaction de chaque spectateur est différente », confie David Danzon. Mais détrompez-vous, House Guests n’est pas un spectacle d’improvisation. Basé sur le théâtre de l’absurde, c’est une création abstraite mais construite, une expérience immersive et participative et David Danzon le confirme : « Même dans l’abstrait, même dans l’absurde, il y a une dramaturgie derrière. On a travaillé beaucoup l’écriture du spectacle dans le sens quelle scène vient avant ou après, quelle scène se passe en même temps qu’une autre tout en sachant que les gens allaient faire leur propre trame narrative. »

House Guests se poursuit jusqu’au 17 décembre au 8, rue Baden. Pour tout renseignement et achat de billets : www.corpus.ca.

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