L’histoire qu’imagine David Bouchet dans son premier roman, Soleil, est celle de millions de familles qui décident de franchir l’Atlantique, de l’Afrique au Canada, pour une vie meilleure. Un périple pétri d’attentes, de rêves, d’espoirs.
Le public pourra découvrir ce récit créé de toute pièce, paru en 2015 et traduit en anglais en 2017 (Sun of the distant land), au Festival international des auteurs de Toronto, qui rassemble, du 19 au 29 octobre au Centre Habourfront, plus de deux cents écrivains (dont les Français Marie Darrieussecq et Sylvain Prudhomme).
« Je me place du point de vue d’un garçon de 11 ans, Souleye, qui va tenter par tous les moyens, en tout cas les plus accessibles pour lui, d’aider son père à surmonter ses difficultés d’ordre économique, familial et psychologique, confie M. Bouchet. Ne trouvant pas un travail à la hauteur de ses rêves à Montréal, cet homme va sombrer dans la dépression, sous le regard candide de son fils, inquiet et impuissant. »
Même si beaucoup de paramètres séparent l’écrivain adulte blanc de l’enfant noir, l’auteur a puisé dans ses expériences pour formuler un récit poignant et réaliste. « Né en France, j’ai vécu toute ma vie au Sénégal avant d’immigrer au Canada il y a sept ans. J’ai moi aussi vécu l’exil volontaire. Aucune guerre civile ne m’a poussé à tout quitter. Simplement, comme beaucoup de gens, le désir d’offrir des perspectives plus réjouissantes à mes enfants. Certaines anecdotes, perceptions et éléments de comparaison sont le fruit de ce que j’ai vécu sur les deux continents. Y compris dans le rapport père-fils qui fait écho aux liens que j’ai avec mon père et mes enfants. »
David Bouchet a ainsi bâti un récit à tiroirs qui aborde l’ouverture au monde, l’immigration, l’identité, le bonheur, la désillusion, la maladie mentale, à travers un regard candide, sans manquer de profondeur, ni tomber dans la caricature.
Nouvelliste et scénariste touche-à-tout, il a utilisé les ressorts du cinéma, alimentant un style narratif classique par la dramaturgie et les rebondissements. « Je l’ai écrit comme un scénario de film au départ mais le projet ne s’est pas réalisé. J’aime naviguer entre ses deux arts aux frontières poreuses. La meilleure façon de faire vivre cette histoire était donc de publier un roman », confie David Bouchet, à qui on doit les scénarios de deux films dramatiques, La Pirogue de Moussa Touré (2012) et Wallay de Berni Goldblat (2017).
Le public pourra échanger avec l’auteur lors de deux tables rondes au Centre Harbourfront : l’une le 22 octobre consacrée à la relation père-fils, l’autre le 25 octobre autour de l’odyssée et la maison qui, au-delà de la propriété physique, se révèle finalement être le courage de posséder sa propre identité.
« L’identité est une préoccupation centrale dans notre société actuelle confrontée comme jamais aux mouvements de population. Elle va au-delà des pays et de la couleur de peau. Je me considère comme un métis culturel qui compose sa propre identité. C’est important de présenter son travail au public le plus large possible et débattre de ces thèmes qui se retrouvent dans de multiples formes d’expression. « Quelque part, nous sommes les messagers des problématiques contemporaines. »
Photo : L’écrivain et scénariste David Bouchet.