Le Métropolitain

COVID-19 : une crise qui affecte tout le monde

Depuis la mi-mars, à peu près tous les aspects du quotidien ont été chamboulés par la COVID-19. Des francophones résidant sur le territoire du Métropolitain ont accepté de répondre aux questions du journal quant aux conséquences de la pandémie sur leur vie.

Laurence Jollivet

C’est jusque dans les détails de la vie de tous les jours que les conséquences tentaculaires du coronavirus se manifestent.

Ainsi, Laurence Jollivet a dû troquer le temps normalement passé au gym pour le jardinage. Elle prend également davantage de marches avec son mari, une des rares activités permises à l’extérieur.

Les grands projets du printemps 2020 sont aussi tombés à l’eau : la cérémonie de graduation universitaire de sa fille n’aura pas lieu et Mme Jollivet, son mari et quelques amis ont dû renoncer à faire une croisière. « On va y repenser à deux fois avant de faire ce genre de voyage », commente-t-elle.

Rares sont ceux dont le gagne-pain n’a pas été affecté par la pandémie. Laurence Jollivet n’échappe pas à la règle : « Côté professionnel, je suis courtière en immobilier. L’impact sur mon travail est clair : tout est stoppé. Fin mars, je devais organiser un séminaire sur l’achat immobilier : on a dû annuler ».

Elle s’occupe toujours de quelques clients, essentiellement par téléphone, mais autrement, c’est la stagnation généralisée qui s’est installée. Tant du côté des acheteurs que des vendeurs, les offres se sont taries.

Néanmoins, elle entrevoit une sortie de crise. « Je pense que ça ne va pas s’éterniser trop longtemps. À un moment donné, ça va repartir », avance Mme Jollivet. La possibilité que la pandémie s’estompe et qu’un vaccin soit mis au point relativement rapidement alimente son espoir que la machine économique puisse être remise en marche le plus tôt possible. C’est d’ailleurs de ce côté que réside ses craintes : la présente récession, avec son taux de chômage faramineux et la dette publique qui explose, constitue une menace à long terme.

Claudette Faucher

Même si elle prend la situation au sérieux, Claudette Faucher ne s’en fait pas outre-mesure : « J’ai vraiment confiance que ça va se régler. Prenons ça un jour à la fois et on va passer au travers ».

N’empêche, comme c’est le cas pour tout le monde, la pandémie a bousculé ses habitudes.

« Mes activités de l’après-midi ont été cancellées et j’écoute maintenant la messe sur internet », relate la retraitée. Pour passer le temps, Mme Faucher a donc dû trouver des alternatives à ce qui l’occupait jusque-là. Aux casse-têtes de 1000 morceaux et aux travaux d’entretien de son terrain s’est adjointe une passion qui l’occupe chaque jour : « Je me suis donnée à fond dans le tricotage et j’ai 48 paires de mitaines de faites pour les sans-abris ».

C’est un fait établi que le coronavirus affecte plus durement les personnes âgées. Certains aînés doivent affronter seuls les risques associés à la contamination mais Claudette Faucher a la chance de compter sur le soutien de ses voisins qui se sont offerts pour faire ses commissions. « Je trouve que c’est formidable! », s’étonne-t-elle.

Même si la gestion de la crise a valu bien des critiques aux politiciens, Mme Faucher se montre indulgente à leur endroit : « Ils ont fait tout ce qu’ils pouvaient faire ». Elle voit aussi d’un bon œil les alternatives à l’enseignement régulier qui ont été mises en place par l’entremise d’internet : « Côté éducation, c’est fantastique parce qu’en étant connectés avec les professeurs, ils peuvent continuer à apprendre ».

La vie suit donc son cours pour Claudette Faucher qui conserve son optimisme au milieu de la torpeur sociale qui finira bien un jour par être chose du passé.

Faouzi Metouilli

« Cette crise a bouleversé toutes nos habitudes. Maintenant, on travaille à domicile. Pour les enfants, ils sont en train de suivre leurs cours de la maison, donc c’est une autre tâche que de les suivre et de les aider à maintenir le cap. »

Comme parent et employé, Faouzi Metouilli doit jongler avec plusieurs responsabilités. En cela, le coronavirus n’a rien changé. Les circonstances sont cependant radicalement différentes et le confinement commence à peser lourd : « Ça joue sur le moral mais on essaie de faire des activités en famille et, avec les amis, on s’appelle ».

Il va sans dire que les sorties ludiques sont momentanément à l’arrêt pour M. Metouilli, son épouse et leurs enfants. Par contre, le visionnement de films, le jardinage et l’activité physique ont pris le relais. « On cuisine, on dessine : toutes sortes de choses que l’on ne faisait pas en famille avant », relate M. Metouilli.

Celui-ci a une autre corde à son arc : président d’une association culturelle. À ce chapitre, la nouvelle donne a aussi affecté la tenue d’importantes activités et le réseautage entre les membres. Malgré tout, là comme ailleurs dans le milieu communautaire, on se croise les doigts en espérant un retour à la normal et la rentrée de septembre est à l’étude.

D’ici là, Faouzi Metouilli entend demeurer optimiste mais il s’attend à ce que les problèmes inhérents à la pandémie ne soient résolus que graduellement. Ainsi, il ne croit pas que les élèves retourneront en classe avant la fin de l’année scolaire. Quant à ce qui se passera cet été, cela demeure difficile à prévoir : il aimerait faire des voyages avec sa famille mais doit se contenter, pour l’instant, d’en rêver plutôt que de les planifier.

Natasha Pelletier

Très engagée dans la francophonie, notamment à titre de vice-présidente du Conseil de représentation de la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne, Natasha Pelletier a vu les activités à son agenda être annulées les unes après les autres. Qui plus est, après la fin de l’année scolaire, elle était supposée travailler dans un camp d’été mais une incertitude plane quant à la tenue de cette activité estivale.

Elle est au moins assurée d’une chose : elle a été acceptée à l’Université d’Ottawa. Néanmoins, l’ombre d’un doute plane aussi sur ce qui se passera au cours des prochains mois : « En septembre, est-ce que je vais pouvoir poursuivre mes études à l’université? C’est beaucoup d’incertitude ». Élève au secondaire, elle est aussi au premier rang pour constater les conséquences de la pandémie sur les écoles et l’effet domino que cela peut avoir : « Ça va affecter tout le monde dans leur parcours scolaire, estime Natasha Pelletier. Mon premier semestre pourrait être en ligne. »

En effet, même si on peut déjà entrevoir la lumière au bout du tunnel, il est de plus en plus admis que la COVID-19 aura un impact à long terme et dans toutes les sphères de la société. « Du côté économique, on le voit déjà avec les statistiques qui commencent à sortir », constate la jeune femme qui garde espoir que cette crise conduira la société à redevenir plus humaine et à se centrer sur l’essentiel.

Pour l’heure, comme tout le monde, il lui faut bien trouver des façons de se changer les idées : « Je passe beaucoup de temps sur FaceTime avec mes amis. J’ai commencé à jouer à Minecraft. Je fais de très longues marches dans le bois ». Le coronavirus a au moins le mérite de forcer chacun à tirer parti de son imagination et à apprécier ce qu’il possède.

Achille Fossi

« Cela a bouleversé l’organisation de nos vies. Que ce soit sur le plan professionnel, quant au rapport avec les enfants ou aux relations avec le voisinage : tout est changé. »

Pour Achille Fossi, l’effet de la pandémie sur les différentes facettes de la vie quotidienne se voit notamment dans la logistique qui repose désormais en grande partie sur l’internet. Ainsi, au niveau communautaire, les rencontres des conseils d’administration se passent souvent par l’entremise de Zoom, une plateforme web de vidéoconférence. En ce qui touche aux enfants d’âge scolaire, il leur est à présent nécessaire de se connecter afin de poursuivre leur éducation. Quant à la communauté universitaire, elle n’échappe pas à la tendance et a dû elle aussi se rabattre massivement sur le web.

À titre de chercheur au Collège universitaire Glendon, M. Fossi est d’ailleurs bien placé pour savoir comment on y a réagi à la COVID-19. « Tout se passe virtuellement », résume-t-il, mentionnant que l’adaptation s’est très bien passée tant pour les étudiants que pour les professeurs. Il y avait déjà une transition vers les cours en ligne dans le milieu de l’enseignement supérieur, de sorte qu’il n’y a pas eu de choc pour personne.

Achille Fossi est aussi un père de famille et, face à cette situation inédite que vit la société, il a dû adapter la supervision de ses enfants en fonction de leur âge afin d’encadrer efficacement leurs études et les occuper.

Pour ce qui est du reste, la vie suit son cours avec les multiples restrictions auxquelles il faut s’habituer au niveau des déplacements. Faire de l’exercice requiert aussi un peu plus de créativité : heureusement, il a en ligne des vidéos de danse et de Zumba pour se motiver.

« Personne ne peut savoir de quoi l’avenir sera fait », commente Achille Fossi qui, tout en s’efforçant de demeurer optimiste, ne cache pas son inquiétude pour l’économie : « Lorsqu’on voit les commerces fermés et les industries à l’arrêt, on se dit que la reprise pourrait être difficile ».

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