Le Métropolitain

Conversation avec la cinéaste française Pascale Ferran

De passage dans la capitale ontarienne pour présenter son dernier film Bird People au Festival international du film de Toronto (TIFF), Pascale Ferran est venue rencontrer son public lors d’une discussion à l’Alliance française. L’entretien était animé par James Leo Cahill, professeur à l’Université de Toronto et spécialiste de cinéma. 

Depuis son premier long métrage Petits arrangements avec les morts (1994), film pour lequel elle se vit décerner la Caméra d’or au prestigieux Festival de Cannes, Pascale Ferran a échelonné ses films de façon relativement lente.

« Je me sens scandaleusement libre », avoue-t-elle. 

Pascale Ferran aime prendre son temps avant de se lancer dans un nouveau film. Elle estime qu’elle doit d’abord avoir quelque chose à exprimer et éprouver un désir très fort avant d’entreprendre une nouvelle œuvre. Ces longues périodes de gestation portent leurs fruits puisque ses films ont souvent les faveurs de la critique. L’Âge des possibles (1996) et Lady Chatterley (2006), deux de ses autres longs métrages, furent l’objet de nombreuses accolades. 

 « Je suis noyée dans les images, à tel point que je ne parviens plus à voir le monde », explique-t-elle. 

Pascale Ferran porte un regard parfois critique sur le monde d’aujourd’hui. Dans Bird People, elle a justement souhaité redonner du regard au spectateur. L’action se passe dans un hôtel d’aéroport, une de ces zones de transit de par le monde où personne ne vit et qui représente de façon symbolique la société d’aujourd’hui. Ces zones de transit peuvent cependant susciter l’imaginaire et nous aider à nous échapper. Gary, l’un des personnages de Bird People, est un client de l’hôtel. Il décide soudain de décrocher et de tout laisser derrière. Audrey, une femme de chambre, se transforme en un moineau le temps d’une nuit afin d’échapper à la monotonie de sa vie. 

Ce sont aussi le souci du détail et une préparation minutieuse qui caractérisent le travail de Pascale Ferran. Pas moins de trois ou quatre mois furent nécessaires pour dresser des moineaux, chose inédite au cinéma, avant qu’ils puissent être utilisés pour le tournage de Bird People. Pascale Ferran et l’actrice Anaïs Demoustier passèrent plusieurs jours dans un hôtel de l’aéroport de Roissy pour s’imprégner de l’ambiance et étudier de près les gestes d’une femme de chambre. Pascale Ferran passa de nombreuses heures à répéter les dialogues de Bird People avec l’acteur Josh Charles (Gary) afin qu’ils deviennent un automatisme. Ceci développe une certaine liberté d’esprit et suscite la rêverie chez l’acteur. Avant même de tourner, la cinéaste aime passer beaucoup de temps avec ses comédiens afin de préparer avec minutie chaque scène. Des détails des scènes d’amour physique dans Lady Chatterley furent ainsi travaillées pendant plusieurs semaines dans un studio de danse. 

« Ce long travail de préparation donne le sentiment à l’acteur que c’est le personnage qui fait le geste, et non lui. Une fois les fondations maîtrisées, le tournage est alors bien plus facile », affirme la cinéaste. Elle poursuit en expliquant qu’à l’inverse, un sentiment de grande urgence règne le jour du tournage. 

Pascale Ferran n’en est pas à son premier séjour en Amérique du Nord. En 2000, elle a réalisé Quatre jours à Ocoee, un documentaire sur l’enregistrement en studio d’un disque de jazz. Il s’agit cependant de son premier voyage au Canada. Même si les droits de distribution pour Bird People étaient déjà conclus avant même que le film soit montré à Toronto, elle espère bien que le TIFF sera un excellent tremplin pour le faire connaître sur d’autres continents. 

Bird People sera montré le samedi 13 septembre à 20 h 30 au cinéma Scotiabank.

Photo : Pascale Ferran

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