Un groupe d’universitaires formé notamment de Monica Heller, Anne-Sophie Roussel et Tessa Bonduelle ont lancé un vaste projet subventionné par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Les chercheurs étudient la continuité et les changements dans la francophonie canadienne à différents points d’entrée, dont le Québec en milieu rural et urbain.
Le mardi 28 mars, Monica Heller, Anne-Sophie Roussel et Tessa Bonduelle ont présenté leurs travaux et l’avancement des recherches après deux ans. Ces universitaires se sont penchés sur plusieurs points dont l’immigration libano-syrienne dans le Bas-Saint-Laurent, et en particulier à Rimouski, ville qui compte environ 49 000 habitants et située à environ 300 km au nord-est de Québec.
Les chercheurs ont cherché à comprendre la présence des Libano-Syriens dans la région du Bas-Saint-Laurent, leur établissement, leur déploiement dans l’espace, leurs stratégies socio-
économiques, leurs relations avec la population majoritaire et les traces qu’ils ont laissées non seulement dans la mémoire collective mais aussi dans le paysage.
Ils se sont rendu compte que cette population était mobile, soit elle retournait dans leur pays natal, soit elle bougeait ailleurs au Canada ou aux États-Unis.
Comment les Libanos-Syriens sont-ils arrivés dans cette région du Québec ? Pour répondre à cette interrogation, les chercheurs ont fait une enquête ethnologique et historique. Ils s‘appuient bien sûr sur des recensements, des généalogies, des livrets commémoratifs locaux et des entrevues avec des résidents locaux.
Les universitaires se sont rendu compte en creusant un peu et en fouillant dans les archives de la ville que les Libano-Syriens sont présents depuis au moins 1897 à Rimouski. Dans les recensements canadiens, la première fois qu’on voit une catégorie « Syrie » comme lieu de naissance apparaître est en 1901. À cette époque, 20 Syriens ont été recensés à Rimouski, ce qui est énorme car il n’y avait dans tout le Canada que 481 Syriens. Cette présence arabe n’est donc pas nouvelle et date depuis la fin du XIXe siècle dans cette région qui est considérée comme homogène ethnoculturellement.
Tessa Bonduelle conclut : « Nos recherches dans les archives autant physiques que virtuelles montrent qu’il existe une histoire incroyablement riche de la présence des Libano-Syriens non seulement dans les régions rurales du Québec mais aussi qui s’étend partout au Canada et aux États-Unis ».
Le cas d’étude de l’immigration libano-syrienne n’a pas été le seul abordé par les universitaires qui ont également étudié le contexte francophone dit « minoritaire » au Manitoba, en Saskatchewan et en Colombie-Britanique.
Photo : Tessa Bonduelle, Anne-Sophie Roussel et Monica Heller.