Le Métropolitain

Cimetière Mount Pleasant : un livre d’histoire à ciel ouvert

À l’occasion de la Journée du Souvenir et dans le cadre du programme Historitours 2012, la Société d’histoire de Toronto avait organisé une visite du cimetière Mount Pleasant. Guidés par Rolande Smith et Marianne Belloir, une cinquantaine de francophones et francophiles ont appris que, même si Toronto ne se trouvait pas à portée de canon durant les conflits qui ont eu lieu depuis la fin du XIXe siècle, le cimetière Mount Pleasant renferme de nombreux témoignages de ceux et celles qui ont laissé leur vie sur les champs de batailles à travers le monde.

« Nous avons trouvé des tombes de soldats qui ont participé à une dizaine de conflits différents », explique Rolande Smith, présidente de la Société d’histoire de Toronto. Certains reposent réellement dans ce magnifique parc, comme par exemple William G. Barker, le soldat canadien le plus décoré jusqu’à nos jours, alors que les corps des autres sont restés sur les champs de bataille et sont représentés par une plaque ou une pierre tombale érigée par leur famille.

Là, parmi les arbres couverts d’un manteau rouge et doré, le plus gradé des officiers est revenu rejoindre le plus humble des soldats. Le lieutenant-général Guy Simonds, connu comme le libérateur de la Hollande, git en paix sous une magnifique pierre tombale, non loin du Lieutenant John Newman Steiner, représenté par une stèle, semblable à toutes celles qu’on retrouve dans les cimetières militaires en Europe.

On commémore aussi bien la mémoire de ceux qui ont refusé de prendre directement les armes, à l’instar des soldats de l’Armée du salut, que celle de ceux qui sont morts dans un camp d’entrainement avant même d’avoir peu se rendre à la guerre, ou encore celle de ceux qui furent envoyés dans des camps d’internement parce qu’ils étaient originaires de pays alors ennemis.

Au détour d’une allée, un grand drapeau canadien signale le tombeau de William Lyon MacKenzie King, premier ministre du Canada durant les années de guerre.

Les mots gravés sur les pierres tombales dressent un portrait sobre de chacun de ces soldats : date de naissance, date et lieu où il est tombé, croix chrétienne ou étoile de David pour signifier son appartenance religieuse. Les participants à la visite ne manquent pas de remarquer avec tristesse que certains sont morts seulement quelques jours avant la fin de la guerre.

Ces tombes de soldats rappellent que la ville de Toronto fut grandement impliquée dans l’effort de guerre durant la Seconde Guerre mondiale. Des milliers de personnes, beaucoup d’entre elles des femmes, furent employées dans des usines d’armement. La population de la Ville reine dans son ensemble fut appelée à contribuer, soit en recyclant les métaux, en économisant le charbon ou bien en achetant des timbres d’épargne de guerre ou des obligations de la Victoire.

« La population torontoise fut affectée dans tous les gestes de sa vie quotidienne », souligne Rolande Smith. « C’est justement le contexte social derrière ces tombes de soldats qui m’intéresse tout particulièrement, explique Carl Pépin, spécialiste en histoire militaire et chercheur principal à l’Institut Historica-Dominion. Les cimetières comme celui-ci sont de véritables livres d’histoire à ciel ouvert. »

La visite fut une belle façon d’en apprendre plus sur l’histoire de notre pays et aussi une belle façon de célébrer le Jour du Souvenir. « Le Canada marque l’événement de façon plus intime et plus signifiante que la France », remarque Frédéric Le Theuff, directeur général de l’Alliance française et nouvellement installé parmi nous.

« Tous les membres de ma famille avant moi ont connu la guerre. Je suis la première qui n’a jamais connu la peur. Voilà pourquoi j’attache beaucoup d’importance à la mémoire de ces soldats », conclut Rolande Smith. Tous les participants à la visite ont pu constater que le superbe cimetière Mount Pleasant constitue une sépulture digne de leur sacrifice.

Photo : Une cinquantaine de personnes ont participé à la visite du cimetière.

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