Si le lapin de Pâques existait, nul doute que c’est à New York qu’il aurait posé ses valises cette année. En effet, une gigantesque chasse aux œufs, probablement la plus importante au monde, avait lieu dans cinq arrondissements de la célèbre ville américaine. L’organisateur n’est nul autre que la célèbre maison Fabergé, connue pour ses bijoux de luxe d’une valeur inestimable. Ainsi tout au long du mois d’avril, jusqu’au 18 exactement, d’énormes œufs prenaient place un peu partout. Chacun d’entre eux ayant été créé par un artiste différent. On retrouve entre autres Olivier Theyskens, Mark Quinn, Tracey Eminn, David Salle ou encore Bruce Weber.
Même s’il s’agit toujours de débusquer les fameux objets ovales dissimulés, le principe de cette recherche diffère quelque peu de la traditionnelle cérémonie familiale, amenant en général à une orgie de chocolat. La personne qui relève le défi devait, à chaque trouvaille, répertorier sa découverte par le biais d’une application disponible sur téléphone intelligent. On est certes bien loin de la récolte avec un panier, mais cette méthode s’inscrit dans l’ère du temps diront certains. Ceux qui sont parvenus à dénicher le plus d’œufs couraient la chance de remporter des pendentifs d’une valeur allant jusqu’à plusieurs milliers de dollars. Le Vendredi saint, tous les œufs furent rassemblés au Rockefeller Center, afin que chacun puisse contempler les réussites visuelles des divers créateurs. Plus de 299 pièces étaient réunies, chacune faisant 2,5 pieds de haut, et dotées d’une plastique aussi fine que particulière. L’intéressé pouvait ainsi en admirer un représentant une planète, et passer à un autre aux traits d’un chauffeur de taxi.
La Fabergé Bigg Egg Hunt est placée sous le sceau de la charité, puisqu’elle s’emploie à amasser des fonds pour deux organismes à but non-lucratif : Studio in School, qui se charge d’envoyer des artistes professionnels et des arts visuels dans 150 écoles publiques de la ville, ainsi que Elephant Family qui mène un combat pour la sauvegarde de l’éléphant d’Asie. Les principaux revenus de l’évènement sont issus d’une vente aux enchères orchestrée par Sotheby’s, où furent proposés les œufs issus de cette chasse.
Au-delà de la beauté du geste, c’est bien là un immense coup marketing destiné à promouvoir la marque qui fut ici réalisé. Parvenir à ancrer une compagnie vieille de presque deux siècles dans le monde moderne, en utilisant les outils numériques et les traditions ancestrales, est un tour de force qui prouve bien que Fabergé a conservé son génie créatif. Que ce soit en matière d’œufs, ou en matière de communication.
Un mois excitant donc pour les New-Yorkais qui ont eu droit, après les Londoniens l’an passé, à leur version grandeur nature d’un jeu qui s’apparente au célèbre « Où est Charlie? ».