Cette année, la Nuit blanche, qui s’est déroulée dans la nuit du 4 au 5 octobre, a été un véritable succès pour la commissaire montréalaise Dominique Fontaine, responsable de l’exposition « Entre ciel et terre, tout est possible » (« Between the earth and the sky, the possibility of everything »). Parmi les 12 projets exposés sur Spadina et dans le quartier chinois, près de la moitié d’entre eux étaient présentés par des artistes francophones. Le but de cette exposition internationale était de faire participer le public et de l’engager par le bais d’expériences visuelles et sensorielles afin de repenser les différentes possibilités qu’offre l’espace public.

Un des projets phares de cette exposition à ciel ouvert, le lumineux Global Rainbow d’Yvette Mattern, un arc-en-ciel nocturne composé de plusieurs lasers qui partaient de la tour CN et guidaient les passants au-dessus de l’exposition Entre ciel et terre pour atterrir dans le quartier chinois. 

À l’intersection Spadina et Dundas Ouest se trouvait l’impressionnant mur de vêtements Made in China de Maria Ezcurra, étroitement placé entre deux bâtiments. L’œuvre a été conçue pour être exposée au cœur du quartier chinois, afin de montrer les liens entre la communauté chinoise à Toronto, ainsi que la mondialisation, le mélange des cultures et les relations interculturelles. En descendant Spadina, l’on tombait immanquablement sur la projection du film des artistes montréalais Chloé Lefebvre et Jean Dubois intitulé À portée de souffle ». Ce métrage invitait les passants à souffler dans leurs téléphones afin d’aider les personnages à l’écran à gonfler des bulles de gomme à mâcher.

Peut-être faisiez-vous partie des centaines de personnes qui ont patiemment attendu tout au long de la nuit pour pouvoir parcourir Walk among Worlds de Maximo Gonzalez. Un véritable voyage dans une forêt remplie de mappemondes gonflables assemblées les unes avec les autres et éclairées de différentes couleurs passant par toutes sortes de bleus et de rouges. L’artiste a tenté d’exprimer, par le biais de cette œuvre monumentale, les divisions politiques mondiales. Les mappemondes étaient exposées en trois différentes tailles afin d’exprimer les différences entre pays industrialisés et tiers monde.

L’œuvre la plus défoulante fut certainement celle de Chélanie Beaudin Quintin, qui avait réparti ses quelques Boîtes à cris un peu partout dans le secteur Queen Ouest et Spadina. « J’ai pensé à créer ces boîtes la première fois lorsque j’étais dans la rue. J’ai ressenti l’envie de crier, et je me suis dit qu’il devrait y avoir des boîtes où l’on pourrait rentrer et hurler afin de se défouler », explique l’artiste. Nombreux sont ceux qui se sont prêtés au jeu en hurlant de toutes leurs forces dans cette cabine, qui n’a pas su entièrement isoler les cris les plus ardents.

Ce voyage entre ciel et terre s’achève sur la rue Queen où les passants ralentissaient le pas sous l’œuvre Gap Ecology de David Brooks, mettant en scène des grues portant des plantes. Ces grues aux apparences de nouveaux palmiers avaient pour but d’exprimer la déforestation et l’impact de la main de l’homme sur la nature. 

La Nuit blanche a aussi été le théâtre où de nombreux artistes indépendants y ont vu l’occasion de s’exprimer : des danseurs de rue et cracheurs de feu, aux artistes peintres, il était difficile de circuler dans l’espace présenté par Dominique Fontaine tant l’ambiance était bonne.

Photo : Made in China de Maria Ezcurra