Le Métropolitain

À chacun sa vérité

Demander au dramaturge Nicolas Billon de parler de sa pièce The Butcher (Le Boucher), c’est quasiment lui demander l’impossible. En effet, l’auteur ne veut absolument donner aucun indice sur ce thriller présentement à l’affiche au Theatre Centre de Toronto.

« J’ai peine à en parler de cette pièce-là parce que c’est un triller, explique l’auteur. Je parle donc de la situation initiale : on est le 24 décembre dans une station de police et un homme y est amené. Il porte un costume militaire. Il a un chapeau de père Noël sur la tête et, autour du cou, il a un crochet de boucher. Sur lui, un carte d’affaire avec les mots arrest me. Le détective appelle l’avocat pour savoir s’il connaît l’homme et c’est le début de la pièce. » En entrevue, c’est vraiment tout ce que Nicolas Billon accepte de dévoiler sur la pièce. 

Son inspiration pour ce thriller? Nicolas Billon confie qu’il a passé sa jeunesse à regarder des films d’Hichcok (sa mère aimait bien ça aussi) et qu’il s’intéresse à la question de la justice internationale. « J’étais curieux d’écrire un thriller pour le théâtre », dira-t-il. Ce qui m’a permis de me pencher sur la question : on peut avoir la paix ou on peut avoir la justice, mais pas les deux. Ça m’avait frappé quand j’avais lu ça. Je pense que faire la paix requiert le compromis; la justice, il n’y a pas de compromis. Les deux choses sont complètement à l’encontre l’une de l’autre. Ça m’avait troublé. »

Dans Butcher, c’est l’examen de paix et de justice (si on fait la paix, il n’y a pas de justice?). Au départ, le dramaturge voulait en faire une pièce sur le génocide au Rwanda mais rapidement il a réalisé qu’il n’était pas certain « d’ajouter quelque chose à la discussion ». C’est alors qu’il a décidé d’inventer un pays, Lavinie : « Finalement ce fut une meilleure décision parce que j’ai discuté des thèmes dont je voulais parler sans me préoccuper d’un génocide. Je n’avais pas besoin de prendre parti ni de me fier à une vérité historique ». L’auteur s’est donc ainsi donné un espace créatif beaucoup plus grand. Épris de justice, il raconte que c’est difficile de se mettre d’accord sur la vérité. « Chacun a la sienne, dit-il. Ça ne veut pas dire que l’une est fausse et l’autre pas. »

Pièce qui sera présentée à maintes reprises d’ici la fin de l’année, The Butcher figurait à la programmation du Cercle de Molière à Winnipeg le mois dernier. L’auteur est d’ailleurs surpris de l’engouement suscité par la pièce. « Je suis surpris par la réaction des gens, poursuit-il. Je ne croyais pas au succès d’une pièce ayant pour thème la justice et le génocide. Le triller marche assez bien. » 

La première torontoise de la pièce The Butcher a été le mercredi 28 octobre. « C’était très bien, selon Nicolas Billon. Les acteurs étaient en forme. La réaction du public était très positive. » Les présentations se poursuivent jusqu’au 14 novembre au Theatre Centre à Toronto.

Photo: John Koensgen dans la production torontoise The Butcher.

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