Plus de 850 voyageurs ont obtenu à ce jour un numéro spécial afin d’éviter d’être pris pour une autre personne inscrite sur la liste d’interdiction de vol du Canada.

Une douzaine de ces voyageurs ont ainsi pu monter à bord d’un avion en montrant ce code personnel depuis le début du programme, en novembre 2020, selon le ministère fédéral de la Sécurité publique.

Le ministère présente le déploiement du « Numéro canadien de voyages » comme une étape clé dans la refonte des procédures de contrôle des passagers. De nombreux jeunes enfants avaient auparavant été interpellés dans les aéroports parce que leur nom était identique ou semblable à un autre nom figurant sur la liste d’interdiction de vol.

Les passagers qui ont rencontré des difficultés à l’aéroport peuvent demander leur Numéro de voyages via le site web de la Sécurité publique, pour éviter les ennuis même lors de la réservation de vols à destination, en provenance ou à l’intérieur du Canada.

Le gouvernement fédéral exige que les transporteurs aériens envoient le nom et la date de naissance des passagers au plus tôt 72 heures avant un vol, afin que leur identité puisse être vérifiée et qu’ils ne puissent pas être faussement épinglés.

Le gouvernement est désormais responsable de vérifier si les passagers figurent sur la liste dressée en vertu de la Loi sur la sûreté des déplacements aériens, communément appelée « liste d’interdiction de vol ».

Les fonctionnaires fédéraux informent le transporteur aérien s’il y a des exigences de contrôle supplémentaires ou une interdiction pure et simple d’autoriser le voyageur à monter à bord. Le gouvernement souligne toutefois qu’un Numéro de voyages n’empêchera pas les retards si le problème à l’aéroport est lié à un programme différent, comme la liste de sécurité d’un autre pays.

Éviter les biais inconscients

Lors de la mise en place du système, le gouvernement avait expliqué qu’il améliorerait la sécurité des voyages aériens et protégerait la vie privée des passagers, puisque les compagnies aériennes, qui utilisaient depuis longtemps la liste d’interdiction de vol pour le contrôle, n’y auraient plus un accès direct.

Le Numéro de voyages et le contrôle centralisé limitent « tout biais inconscient potentiel associé au dépistage humain et aux méthodes de contrôle incohérentes, tout en améliorant l’équité pour les voyageurs aériens légitimes », a déclaré le porte-parole de la Sécurité publique, Nic Defalco, en réponse aux questions de La Presse canadienne.

Au 20 janvier, plus de 1200 demandes de Numéro canadien de voyages avaient été reçues et 859 ont été délivrées, a indiqué la Sécurité publique. La majorité des demandeurs avaient entre 31 et 60 ans, et seulement 6 % des demandes concernaient des enfants. Environ 70 % des candidats étaient des hommes et le même pourcentage étaient des citoyens canadiens.

Le filtrage centralisé, déjà, sans même utiliser le Numéro canadien de voyages (NCV), a contribué à résoudre la plupart des faux liens avec des noms sur la liste d’interdiction de vol, a déclaré M. Defalco.

« Jusqu’à présent, 12 passagers ont été autorisés à utiliser un NCV, ce qui signifie que ces personnes ont bénéficié d’un NCV comme élément d’information supplémentaire pour aider à vérifier leur identité. De plus, il n’y a pas eu d’enfants de moins de 16 ans victimes de faux liens avec des noms sur la liste. »

Une liste vraiment nécessaire?

Le Numéro de voyages et les changements dans les contrôles sont intervenus après que plusieurs familles se sont plaintes des retards angoissants à l’aéroport parce que le nom de leur jeune enfant semblait correspondre à un autre sur la liste d’interdiction de vol.

Khadija Cajee, cofondatrice de l’organisme « Enfants sur la liste d’interdiction de vol », souligne qu’il est difficile de mesurer l’efficacité du nouveau système, car de nombreuses familles n’ont pas pris l’avion pendant la pandémie de COVID-19.

Le jeune fils de Mme Cajee, Adam, a été confronté à plusieurs reprises à des problèmes d’enregistrement à l’aéroport, mais la maman n’a pas encore demandé de Numéro de voyages en son nom. Elle attend de voir si les changements apportés aux contrôles centralisés résoudront à eux seuls le problème. « J’aimerais bien savoir s’il pourrait (éviter ces tracas) sans avoir à demander le Numéro de voyages », a déclaré Mme Cajee.

Bien qu’elle salue la refonte du système, Mme Cajee en est venue à croire que la liste d’interdiction de vol du Canada devrait simplement être abolie. « S’il y a une liste, elle cible toujours quelqu’un. Et inévitablement, de nombreuses personnes innocentes seront ciblées par cette liste », a indiqué Mme Cajee, qui est membre du Groupe consultatif sur la transparence de la sécurité nationale, qui conseille les agences fédérales.

« À mon avis, le gouvernement décide que tel individu est trop dangereux pour prendre l’avion, mais pas trop dangereux pour errer dans nos rues. »

SOURCE – Jim Bronskill, La Presse canadienne