« On fait nos films pour qu’ils plaisent aux gens », expliquait le cinéaste Patrice Leconte au public de l’Alliance française le mardi 12 octobre lors d’une discussion entre le cinéaste et la journaliste Claudia Hébert. Au fil de films et d’anecdotes, le public remontait la carrière de celui qui, très tôt, se destinait à devenir réalisateur.
Si Patrice Leconte a connu tous les succès, ses débuts sont pourtant difficiles. Les Vécés étaient fermés de l’intérieur (1975), son premier film, sera un échec. « Après un film comme ça, c’est difficile de faire le second ».
Et pourtant ce second film est celui qui lance la carrière du réalisateur et deviendra l’un des films cultes du cinéma français : Les Bronzés (1978).
« Quand on a fait les Bronzés, on ne pouvait pas imaginer une demie seconde ce que c’est devenu »
La comédie qui met en scène l’équipe du Splendid en vacances au Club Med traversera les générations et pourtant son réalisateur cachait un gros secret pendant le tournage… « Je n’étais jamais allé au Club Med, mais je n’ai pas osé leur dire. J’avais peur de me faire virer! » Une collaboration qui se répètera pour Les Bronzés font du ski (1979), qui séduira tout autant, sinon plus, le public.
De la comédie au drame
Ce sera avec Michel Blanc, l’un des acteurs du Splendid que Patrice Leconte s’aventurera sur un terrain inconnu avec Monsieur Hire (1989). « Que l’on aille tous les deux, en amis, découvrir un terrain plus dramatique, cela m’a rassuré », explique le réalisateur.
C’est à cette époque qu’il décide de prendre en charge le rôle de cadreur pour se rapprocher aussi des comédiens : « Le type qui est derrière la caméra, c’est celui qui est en train de faire le film ».
Le Mari de la coiffeuse (1990) naît d’un pitch improvisé avec un producteur et signe le retour d’une collaboration entre le cinéaste et l’acteur Jean Rochefort alors que les deux hommes ne s’adressaient plus la parole depuis le tournage de Les Vécés étaient fermés de l’intérieur. Et pourtant ces retrouvailles sont le début d’une belle collaboration qui mèneront notamment le réalisateur au scénario de Ridicule (1996), un film que Jean Rochefort lui décrit comme un « western dans lequel les mots ont remplacé les colts. » Un film qui deviendra aussi une aventure menant le réalisateur à Cannes, aux Césars (dont il gagnera celui du meilleur film et meilleur réalisateur) et aux Oscars.
Patrice Leconte continue de s’aventurer sur des espaces inconnus au fil de sa carrière avec La Fille sur le pont (1999) qu’il écrit pour Vanessa Paradis et plus récemment pour un premier film d’animation, Le Magasin des suicides (1912). « Aller là où je ne suis pas sûr de savoir-faire. Faire des choses différentes, c’est ce qui maintient en vie. »